Grippe 2025 : Une épidémie plus intense que les années précédentes ?

L’épidémie de grippe semble particulièrement virulente cette année, avec une circulation simultanée de plusieurs souches. Est-elle plus grave que les vagues pré-Covid ? Quels facteurs expliquent cette flambée des cas ? Et surtout, quelle est l’efficacité du vaccin cette saison ? Décryptage des données et des tendances avec les experts du Centre national de référence des virus des infections respiratoires.

 

Une épidémie de grippe 2025 plus sévère que les précédentes ?

L’épidémie actuelle de grippe s’annonce comme l’une des plus significatives des dernières années. Cependant, elle ne constitue pas un phénomène inédit. En effet, en comparant les données actuelles à celles des saisons passées, on observe des chiffres variables selon les années.

Les chiffres en réanimation : un pic inquiétant mais pas exceptionnel

Au 28 janvier 2025, on comptait 905 cas graves en réanimation, contre :

• 1 479 en 2016-2017,
• 2 922 en 2017-2018,
• 977 en 2022-2023.

Ces données montrent que l’épidémie de cette année est importante mais reste, pour l’instant, inférieure aux plus fortes vagues connues ces dernières décennies. Toutefois, la grippe 2025 n’a pas encore atteint son pic, et il faudra attendre la fin de l’épidémie pour en dresser un bilan global.

 

Pourquoi cette épidémie semble-t-elle plus virulente ?

L’intensité de la grippe 2025 peut s’expliquer par plusieurs facteurs.

Une co-circulation inhabituelle de trois souches de virus grippaux

Selon les analyses virologiques du réseau Sentinelles, trois sous-types de virus circulent simultanément :

• A(H1N1)pdm09 : 43,3 %,
• A(H3N2) : 22,4 %,
• Virus influenza B : 29,9 %,
• A non typés : 4,3 %.

D’ordinaire, les épidémies de grippe évoluent en plusieurs phases : une première vague due aux virus de type A, suivie d’une seconde vague provoquée par le virus influenza B. Cette année, la présence simultanée de ces trois types de virus pourrait être l’un des facteurs aggravant la circulation du virus.

Une augmentation des cas en ville et à l’hôpital

Le taux de détection des virus grippaux ne cesse d’augmenter :

• En ville (réseau Relab) : 41,22 % (contre 32,39 % la semaine précédente).
• À l’hôpital (réseau Renal) : 20,84 % (contre 19,98 % la semaine précédente).

Les enfants et adolescents sont les plus touchés, avec un taux de contamination de 60,28 % pour les 0-5 ans et 62,35 %pour les 6-18 ans.

 

Efficacité du vaccin contre la grippe en 2025 : une protection suffisante ?

Le vaccin administré dans l’hémisphère Nord pour la saison 2024-2025 contient des souches conçues pour protéger contre les principaux virus circulants :

• A(H1N1)pdm09 : A/Victoria/4897/2022
• B/Victoria : B/Austria/1359417/2021

Cependant, le virus A(H3N2) a évolué depuis l’été 2024 et ne correspond pas totalement à la souche vaccinale. Il est cependant proche des souches sélectionnées pour le vaccin 2025 de l’hémisphère Sud.

Quelle est l’efficacité réelle du vaccin cette année ?

Les données d’efficacité vaccinale sont encore en cours d’analyse, mais les premières estimations indiquent :

• 42 % d’efficacité contre l’infection grippale en médecine générale,
• 59 % chez les moins de 65 ans avec une affection de longue durée,
• 26 % chez les 65 ans et plus.

Ces chiffres restent comparables aux saisons précédentes :

• 44 % d’efficacité en 2022-2023,
• 51 % en 2023-2024.

En somme, bien que le vaccin ne protège pas totalement contre l’infection, il réduit considérablement le risque de forme grave et d’hospitalisation.

 

Une couverture vaccinale encore trop faible

Malgré les bénéfices prouvés du vaccin, la couverture vaccinale reste insuffisante en 2025 :

• 42,9 % des personnes ciblées étaient vaccinées au 31 décembre 2024,
• 49,8 % des 65 ans et plus,
• 22,7 % des moins de 65 ans à risque.

Ces taux sont en baisse par rapport à la saison 2023-2024, ce qui pourrait contribuer à la sévérité de l’épidémie actuelle.

Pourquoi la vaccination est-elle si peu suivie ?

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse :

• Une lassitude vaccinale post-Covid,
• Une perception erronée de la grippe comme une maladie bénigne,
• Un manque de confiance dans l’efficacité du vaccin.

Pourtant, se faire vacciner reste le meilleur moyen de protection contre les complications graves de la grippe, notamment chez les populations à risque.

 

Conclusion : une épidémie à surveiller de près

L’épidémie de grippe 2025 est particulièrement marquée par :

• Une forte co-circulation des virus A(H1N1), A(H3N2) et B,
• Une augmentation continue des cas en ville et à l’hôpital,
• Une efficacité vaccinale comparable aux années précédentes,
• Une couverture vaccinale en baisse, augmentant les risques de complications.

Si les chiffres restent pour l’instant dans la fourchette des saisons passées, la situation mérite une surveillance étroite. Les semaines à venir seront décisives pour évaluer l’impact global de cette épidémie.