L’hépatite E : symptômes, transmission et prévention
- La rédaction
- 20 mars 2025
L’hépatite E est une maladie du foie provoquée par un virus à ARN, touchant chaque année des millions de personnes à travers le monde. Bien que souvent asymptomatique, elle peut entraîner des complications graves chez certaines populations à risque. La transmission du virus est influencée par les conditions sanitaires, alimentaires et environnementales. En France, la contamination est principalement liée à la consommation de viande crue ou insuffisamment cuite, notamment le foie de porc. Face à l’augmentation des cas, il est essentiel de mieux comprendre cette maladie et d’adopter des mesures de prévention efficaces.
Qu’est-ce que l’hépatite E ?
L’hépatite E est une infection virale du foie causée par le virus de l’hépatite E (VHE), appartenant à la famille des Hepeviridae. Ce virus se décline en plusieurs génotypes aux caractéristiques épidémiologiques distinctes :
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- Génotypes 1 et 2 : Présents uniquement chez l’homme, ils sont responsables d’épidémies dans les pays en développement via l’eau contaminée.
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- Génotypes 3 et 4 : Présents chez plusieurs espèces animales (porcs, sangliers, cervidés, lièvres), ils constituent la principale source de transmission dans les pays industrialisés, où l’hépatite E est une zoonose.
En France, l’exposition au VHE est essentiellement liée à la consommation de produits issus du porc, du sanglier et des cervidés, ainsi qu’à la contamination environnementale des eaux.
Modes de transmission du virus de l’hépatite E
Le VHE se propage principalement par voie fécale-orale, c’est-à-dire par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Voici les principaux modes de transmission identifiés :
- Consommation d’aliments contaminés : Viande de porc, sanglier et cervidé crue ou insuffisamment cuite.
- Eau contaminée : Fréquente dans les pays en développement où l’assainissement est insuffisant.
- Contact avec des animaux infectés : Personnes en contact avec des porcs ou du gibier (éleveurs, chasseurs, bouchers).
- Transmission interhumaine : Possible mais rare, elle peut survenir via des transfusions sanguines ou des greffes d’organe.
- Contrairement aux génotypes 1 et 2, la transmission materno-fœtale des génotypes 3 et 4 n’a jamais été documentée.
Quels aliments sont les plus impliqués dans la contamination ?
Les principales sources alimentaires de contamination par le VHE incluent :
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- Foie de porc cru et produits dérivés : Figatelli, saucisses de foie crues ou sèches, quenelles de foie.
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- Viande de gibier crue ou insuffisamment cuite : Sashimis de viande de cervidé ou foie de porc.
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- Coquillages et fruits de mer : Moules et huîtres pouvant bioaccumuler le virus.
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- Fruits et légumes : Fraises, salades, algues et épices contaminés par des eaux souillées.
📊 Une étude sur la prévalence en 2011 a révélé que :
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- 30 % des figatelli testés contenaient de l’ARN du VHE.
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- 29 % des saucisses fraîches ou sèches de foie étaient contaminées.
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- 3 % des foies salés séchés présentaient des traces du virus.
🛑 Conseil : Toujours cuire les produits à base de foie à cœur avant consommation !
Prévalence de l’hépatite E en France
L’hépatite E est en forte augmentation en France. L’Anses a récemment publié des chiffres alarmants :
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- Plus de 60 000 infections annuelles.
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- 3 000 cas symptomatiques par an depuis 2022.
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- Séroprévalence nationale estimée à 22,4 % (avec des pics régionaux jusqu’à 86,4 %).
Ces chiffres montrent que l’exposition au VHE est plus courante qu’on ne le pense, notamment dans certaines régions du Sud-Ouest, du Sud-Est et du Nord-Est, où la contamination par l’eau et les produits carnés semble plus fréquente.
Quels sont les risques et les personnes les plus vulnérables ?
Bien que souvent asymptomatique (dans plus de 70 % des cas), l’hépatite E peut entraîner des complications graves chez certaines populations.
Ces catégories de personnes sont plus exposées au virus de l’hépatite E (VHE) et risquent davantage de développer des formes symptomatiques, voire sévères, de la maladie.
1️⃣ Professionnels en contact avec des animaux réservoirs
Les personnes en contact fréquent avec les porcs domestiques ou la faune sauvage, comme les vétérinaires, éleveurs, forestiers, chasseurs, personnels d’abattoir et bouchers-charcutiers, présentent une séroprévalence significativement plus élevée que le reste de la population (1). Cette surexposition suggère que le contact direct avec des animaux infectés, qu’ils soient vivants ou abattus, constitue un facteur de risque important.
2️⃣ Personnes atteintes de maladies hépatiques
Les individus ayant déjà une maladie chronique du foie (hépatite B ou C, cirrhose, stéatohépatite) courent un risque accru de développer une hépatite fulminante, qui peut être mortelle dans 3 à 10 % des cas.
3️⃣ Personnes immunodéprimées
Les personnes dont le système immunitaire est affaibli sont particulièrement vulnérables aux formes chroniques de l’hépatite E, qui peuvent évoluer vers une cirrhose. Cela inclut :
- Les greffés (reins, foie, moelle osseuse) sous traitement immunosuppresseur.
- Les patients atteints de cancers hématologiques.
- Les personnes souffrant de maladies auto-immunes nécessitant des immunosuppresseurs.
- Les patients séropositifs au VIH avec un faible taux de lymphocytes CD4.
4️⃣ Femmes enceintes (dans les pays en développement)
Dans certaines régions du monde où les génotypes 1 et 2 circulent largement, les femmes enceintes sont particulièrement à risque. L’infection par le VHE au cours du troisième trimestre de la grossesse peut entraîner une hépatite fulminante avec un taux de mortalité maternelle atteignant 20 à 25 %.
Pourquoi ces populations sont-elles plus vulnérables ?
Le VHE est souvent asymptomatique chez les personnes en bonne santé, mais il peut causer des complications graves chez celles dont le système immunitaire est affaibli ou dont le foie est déjà fragilisé. Pour ces groupes à risque, il est primordial d’adopter des mesures de prévention strictes, notamment en ce qui concerne l’alimentation et l’hygiène au travail.
Comment se protéger du virus de l’hépatite E ?
1️⃣ Pour les consommateurs
✔️ Cuire les viandes et abats de porc, sanglier et cervidé à cœur
✔️ Éviter les produits à base de foie cru (figatelli, saucisses crues, etc.)
✔️ Se laver les mains après manipulation de viandes crues
✔️ Nettoyer les surfaces et ustensiles ayant été en contact avec ces aliments
✔️ Consommer de l’eau potable et des végétaux lavés ou cuits, surtout en voyage
2️⃣ Pour les professionnels en contact avec des animaux
✔️ Porter des équipements de protection (gants, masque, tablier)
✔️ Respecter les bonnes pratiques d’hygiène en élevage et abattoirs
✔️ Éviter tout contact avec les jeunes porcs infectés
3️⃣ Pour les personnes à risque
✔️ Dépistage sérologique en cas de doute
✔️ Précautions alimentaires strictes
Traitement de l’hépatite E
À ce jour, aucun traitement spécifique n’a prouvé son efficacité contre l’hépatite virale aiguë, y compris l’hépatite E. La prise en charge repose principalement sur des traitements symptomatique et le suivi des symptômes avec une prise en charge adaptée en cas de complications.
Recommandations:
- Éviter la consommation d’alcool, qui peut aggraver les lésions hépatiques.
- Aucune restriction alimentaire ni de repos strict n’est scientifiquement justifiée.
- Un suivi médical régulier est conseillé, notamment en cas de pathologie hépatique sous-jacente.
Enfin, les hépatites virales doivent être déclarées aux autorités sanitaires locales ou nationales afin de surveiller l’évolution de la maladie et de prévenir les risques de transmission.
Conclusion : Un virus sous-estimé mais bien présent
L’hépatite E reste largement méconnue alors qu’elle touche des dizaines de milliers de personnes chaque année en France. Si la majorité des infections passent inaperçues, certaines peuvent avoir des conséquences graves, notamment chez les personnes immunodéprimées ou atteintes de maladies hépatiques.
La principale source de contamination en France demeure l’alimentation, en particulier les produits à base de foie cru de porc. Une meilleure sensibilisation, un renforcement des contrôles et l’application stricte des bonnes pratiques d’hygiène sont essentiels pour réduire les risques.
Références
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Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments relative au virus de l’hépatite E (Anses, septembre 2024)
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World Health Organization (WHO): Hepatitis E. Accessed June 21, 2024.
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Rose N, Lunazzi A, Dorenlor V et al. High prevalence of Hepatitis E virus in French domestic pigs. Comparative immunology, microbiology and infectious diseases, 2011; 34(5), 419-427
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Avis relatif à la Demande d’évaluation du risque lié à la contamination des produits de charcuterie à base de foie cru par le virus de l’hépatite E (VHE) (Anses, février 2013)
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Khuroo MS, Khuroo MS: Hepatitis E: an emerging global disease – From discovery towards control and cure. J Viral Hepat23(2):68-79, 2016. doi: 10.1111/jvh.12445