Score calcique coronaire : évaluez votre risque cardiaque
- La rédaction
- 15 mars 2025
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les personnes de plus de 65 ans et les femmes. Parmi les outils d’évaluation du risque cardiovasculaire, le score calcique coronaire (CAC), mesuré grâce à un scanner cardiaque sans injection, est de plus en plus utilisé. Il permet de détecter et de quantifier la présence de calcifications des artères coronaires, révélatrices de l’athérosclérose, un facteur clé du développement des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux.
La prévention cardiovasculaire reste un domaine de recherche majeur, notamment pour les patients à risque intermédiaire de développer une maladie coronaire. Traditionnellement, l’évaluation du risque repose sur des facteurs cliniques tels que la pression artérielle, le taux de cholestérol, et les antécédents médicaux. Cependant, cette stratification présente certaines limites, notamment pour les- individus ayant des antécédents familiaux de coronaropathie précoce, un facteur de risque souvent sous-estimé.
C’est ici qu’intervient le score calcique coronaire, un indicateur précis de l’athérosclérose subclinique(invisible, qui n’a pas donné de signes cliniques), permettant d’affiner la stratification du risque et de guider la prise de décisions thérapeutiques. Cette méthode, qui se base sur l’imagerie coronaire, est en passe de devenir un outil incontournable pour optimiser la prévention primaire chez les patients à risque.
Grâce à sa fiabilité et à sa précision, le CAC aide à identifier les patients réellement à risque, permettant ainsi d’adapter plus efficacement les stratégies de prévention et de traitement. Ce test simple et rapide devient un élément central dans la gestion du risque cardiovasculaire, notamment chez les patients asymptomatiques.
Qu’est-ce que le score calcique coronaire (CAC)?
Le score calcique coronaire est une mesure obtenue par tomodensitométrie (scanner) qui évalue la présence de dépôts de calcium dans les artères coronaires. Ces dépôts sont associés à l’athérosclérose, un processus qui mène à la formation de plaques pouvant obstruer les artères et augmenter le risque d’événements cardiovasculaires.
Le CAC est particulièrement utile dans la prévention primaire car il permet d’identifier les patients ayant un risque élevé de développer une maladie coronarienne, même avant l’apparition de symptômes. En quantifiant la charge de calcium dans les artères, il permet de mieux comprendre la progression de l’athérosclérose et d’adapter les stratégies de traitement en conséquence.
Pourquoi le score calcique est-il un indicateur pertinent ?
- Il représente un reflet direct de l’athérosclérose coronarienne.
- Il permet de stratifier les patients en fonction de leur risque réel d’événements cardiovasculaires.
- Il complète les facteurs de risque classiques tels que l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, le tabagisme et les antécédents familiaux.
- Il facilite une prise en charge précoce et personnalisée en prévention primaire.
Comment interpréter le score calcique ?
Le score est exprimé en unités d’Agatston et se divise en plusieurs catégories :
- Score de 0 : Absence de calcification, risque cardiovasculaire extrêmement faible (<2% sur 10 ans).
- Score entre 1 et 100 : Présence minimale de calcification, risque faible à modéré.
- Score entre 100 et 400 : Présence de plaques athéromateuses significatives, risque cardiovasculaire accru.
- Score > 400 : Risque élevé de complications, nécessitant une prise en charge spécifique.
- Score > 1 000 : Probabilité très élevée de sténose significative, nécessitant un coroscanner voire une coronarographie.
L’évaluation du score doit être ajustée en fonction de l’âge et du sexe, car la charge calcique tend à augmenter naturellement avec l’âge.
Le score calcique en pratique : à qui s’adresse-t-il ?
L’utilisation du CAC est particulièrement utile pour les personnes asymptomatiques, c’est-à-dire ceux qui ne présentent aucun signe clinique de maladie coronaire (absence de douleurs thoraciques, d’essoufflement à l’effort, etc.). Il est recommandé dans plusieurs situations spécifiques :
1. Chez les personnes à risque intermédiaire
De nombreuses études ont montré que 30 à 40 % des patients asymptomatiques voient leur niveau de risque cardiovasculaire reclassé après un test de CAC. Ce test est particulièrement intéressant pour les patients ayant des antécédents familiaux de maladie cardiaque, où les scores classiques de risque sous-estiment souvent la menace réelle.
2. Chez les diabétiques dès l’âge de 35 ans
Le consensus de 2021 de la Société Française de Cardiologie (SFC) et de la Société Francophone de Diabétologie (SFD) recommande un CAC systématique chez les patients diabétiques entre 35 et 75 ans. Chez eux, l’athérosclérose évolue souvent de manière silencieuse, et l’absence de symptômes ne signifie pas un risque faible.
3. Chez les femmes ménopausées
Des recherches récentes montrent un lien entre les calcifications vasculaires mammaires détectées à la mammographie et un score calcique coronaire élevé. Cette approche pourrait permettre un dépistage précoce chez les femmes, une population parfois sous-estimée en termes de risque cardiovasculaire.
Les bénéfices du score calcique : vers une meilleure prévention
1. Une meilleure adhésion au traitement
L’un des principaux défis en prévention cardiovasculaire est l’adhésion au traitement par les patients. Le fait de visualiser leur propre charge calcique et de comprendre leur risque réel les motive à suivre plus rigoureusement leur traitement hypolipémiant (statines), leur régime alimentaire et leur programme d’exercices physiques.
2. Une détection précoce des patients à haut risque
Grâce au CAC, les patients avec un score élevé peuvent bénéficier d’un traitement plus agressif dès les premiers stades de la maladie, réduisant ainsi leur risque d’infarctus et de décès prématuré.
3. Un outil non invasif et rapide
Le scanner cardiaque utilisé pour le CAC est une procédure simple, rapide et sans injection :
- Aucune préparation nécessaire (pas besoin d’être à jeun).
- Dose d’irradiation très faible (environ 1 mSv).
- Examen indolore et rapide (acquisition en moins de 5 secondes et durée totale de 10 minutes).
Comment le CAC améliore-t-il la gestion du risque cardiovasculaire ?
Chez les patients à risque intermédiaire, l’ajout du score calcique à la stratégie de prévention permet d’affiner la prise en charge. En effet, un score élevé peut signaler la nécessité d’un traitement préventif intensif, tandis qu’un score faible pourrait signifier que le traitement est moins urgent, réduisant ainsi les risques de surmédication.
Études cliniques sur l’efficacité du CAC dans la prévention primaire
Résultats de l’essai clinique CAUGHT-CAD
L’étude CAUGHT-CAD, publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), a évalué l’impact du CAC sur la progression des plaques coronaires chez des patients à risque intermédiaire ayant des antécédents familiaux de coronaropathie précoce. Les résultats ont montré que l’utilisation du CAC permettait de ralentir significativement la progression volumique des plaques coronaires, avec une réduction notable de 15,4 mm³ dans le groupe traité par rapport à 24,9 mm³ dans le groupe témoin (p=0,009).
Cela souligne l’efficacité du CAC pour orienter les traitements et ralentir la progression de l’athérosclérose. De plus, l’étude a montré que le traitement guidé par le CAC induisait une réduction importante du LDL-cholestérol (−51 mg/dL contre −2 mg/dL dans le groupe contrôle, p<0,001), ce qui suggère un effet bénéfique sur le profil lipidique des patients à risque.
Un effet sur la plaque non calcifiée
L’étude a aussi révélé une réduction significative de la plaque non calcifiée dans le groupe traité par le CAC (5,6 mm³ contre 15,7 mm³ dans le groupe contrôle, p=0,002), et même une régression des composants fibroadipeux et nécrotiques des plaques (–0,8 mm³ contre +4,5 mm³, p=0,02). Ces résultats suggèrent que le traitement guidé par le CAC n’est pas seulement efficace pour ralentir la progression de la plaque, mais pourrait également induire une régression de certaines lésions coronaires, offrant ainsi un bénéfice supérieur à celui des traitements standard.
L’importance de l’évaluation directe de l’athérosclérose subclinique
Une des principales forces du CAC réside dans sa capacité à détecter l’athérosclérose infraclinique, c’est-à-dire l’athérosclérose qui n’a pas encore provoqué de symptômes cliniques. L’identification précoce de cette condition permet d’adopter une stratégie de prévention plus ciblée, notamment à travers l’utilisation de traitements hypolipémiants comme les statines.
Amélioration de l’adhésion au traitement
L’un des défis majeurs dans la prévention cardiovasculaire est d’assurer que les patients suivent correctement leurs traitements. Le CAC, en montrant visuellement les plaques coronaires et leur progression, peut jouer un rôle clé dans la motivation des patients. En effet, la visualisation des risques réels peut encourager une meilleure adhésion aux traitements préventifs, augmentant ainsi les chances de succès des interventions médicales.
Vers une approche personnalisée en prévention primaire
Un modèle de traitement personnalisé basé sur le CAC
La prise en charge des patients à risque intermédiaire, notamment ceux avec des antécédents familiaux, pourrait considérablement bénéficier de l’intégration du CAC. L’étude CAUGHT-CAD a démontré que les patients dont le score calcique dépassait 100 avaient de meilleurs résultats en termes de réduction des plaques et des facteurs de risque cardiovasculaire, ce qui met en lumière l’importance d’une approche personnalisée.
Un traitement ciblé basé sur le score calcique permet de différencier les patients qui nécessitent un traitement intensif de ceux qui peuvent bénéficier d’une gestion plus prudente, en ajustant les doses de médicaments et en ciblant des interventions spécifiques. Ce type de personnalisation pourrait réduire les risques d’effets secondaires tout en optimisant les bénéfices thérapeutiques.
L’avenir des traitements guidés par le CAC
Les recherches futures pourraient affiner encore davantage l’utilisation du CAC dans la prévention primaire. Des essais cliniques à grande échelle sont nécessaires pour déterminer les seuils optimaux de score calcique pour initier un traitement préventif, et pour évaluer l’efficacité des interventions combinées, associant traitements médicamenteux et modifications du mode de vie.
L’utilisation du CAC pourrait également ouvrir la voie à des stratégies plus ciblées de prévention cardiovasculaire, telles que la combinaison de traitements hypolipémiants avec des conseils comportementaux personnalisés, afin de maximiser les résultats à long terme.
Le futur du score calcique : un rôle grandissant grâce à l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle pour affiner l’analyse des calcifications: L’intelligence artificielle (IA) commence à jouer un rôle clé dans l’analyse des images médicales. Elle permet de :
- Contourner automatiquement les calcifications, facilitant ainsi le travail des radiologues.
- Débruiter les images pour améliorer la qualité des scanners.
- Détecter et classifier les plaques coronaires avec une précision accrue.
Conclusion : Un examen clé pour la prévention des maladies cardiovasculaires
Le score calcique coronaire est en train de s’imposer comme un outil indispensable pour la gestion du risque cardiovasculaire. Il permet :
- Une stratification plus précise du risque chez les patients asymptomatiques.
- Une adaptation personnalisée des traitements préventifs.
- Une meilleure adhésion aux recommandations médicales grâce à une preuve visuelle tangible.
Vers un « score calcique du futur » ?
L’avenir du CAC pourrait inclure des algorithmes d’apprentissage automatique capables d’évaluer non seulement la quantité de calcium, mais aussi sa répartition et son évolution dans le temps, offrant ainsi une prédiction encore plus fine du risque cardiovasculaire.
Son intégration progressive dans les recommandations médicales pourrait transformer la prévention cardiovasculaire et réduire de manière significative la mortalité liée aux maladies cardiaques. Les recherches en cours, notamment celles intégrant l’intelligence artificielle et le coroscanner, ouvriront de nouvelles perspectives pour affiner encore davantage la prise en charge.
RÉFÉRENCES
- Sarwar A, Shaw LJ, Shapiro MD, et al. Diagnostic and prognostic value of absence of coronary artery calcification. JACC Cardiovasc Imaging, 2009.
- Hecht HS. Coronary artery calcium scanning: past, present, and future. JACC Cardiovasc Imaging, 2015.
- Budoff MJ et al. Effect of icosapent ethyl on progression of coronary atherosclerosis in patients with elevated triglycerides on statin therapy: final results of the EVAPORATE trial. Eur Heart J, 2020.
- Blaha, M. J., et al. (2019). Coronary artery calcium score and prediction of cardiovascular events in patients with intermediate risk. JACC