Tendinopathie calcanéenne : causes, symptômes et traitements
- La rédaction
- 12 mars 2025
La tendinopathie calcanéenne, aussi appelée tendinopathie du tendon d’Achille, est une affection courante touchant principalement les sportifs et les personnes soumises à des efforts répétitifs sur le pied et la cheville. Cette pathologie peut avoir plusieurs causes, allant du surmenage mécanique aux maladies inflammatoires et métaboliques.
Dans cet article, nous allons détailler les causes, les symptômes, le diagnostic et les traitements disponibles pour mieux comprendre et prendre en charge cette condition.
Définition et classification de la tendinopathie calcanéenne
Le tendon d’Achille, aussi appelé tendon calcanéen, est le plus long et le plus puissant du corps humain. Il joue un rôle fondamental dans la flexion plantaire de la cheville, permettant ainsi la propulsion du corps lors de la marche, la course et le saut.
Lorsque ce tendon est soumis à des contraintes excessives et répétées, des microlésions peuvent apparaître, entraînant une altération de sa structure et de ses propriétés mécaniques. Cette condition est appelée tendinopathie calcanéenne et peut évoluer sous différentes formes.
On distingue plusieurs types d’atteintes du tendon calcanéen, qui ne doivent pas être confondues :
- Tendinopathie dégénérative (ou tendinose)
- Il s’agit d’une altération chronique du tendon, caractérisée par une désorganisation des fibres de collagène et une perte de l’élasticité tendineuse.
- Contrairement à une tendinite, la tendinose n’implique pas d’inflammation importante, mais plutôt une détérioration progressive du tissu tendineux.
- Elle résulte généralement d’un surmenage chronique, d’une mauvaise vascularisation ou d’un défaut de récupération entre les séances d’effort.
- Tendinite
- Désigne une inflammation aiguë du tendon, souvent causée par des mouvements répétitifs, une sollicitation excessive ou un mauvais geste technique.
- Contrairement à une lésion traumatique directe (comme une rupture), la tendinite est plutôt une réponse inflammatoire à une contrainte excessive mal tolérée.
- Elle est souvent observée chez les sportifs pratiquant la course à pied, le basketball ou le tennis, où les mouvements répétés sollicitent excessivement le tendon.
- Péritendinite (ou paraténonite)
- Il s’agit d’une inflammation du paraténon, la membrane entourant le tendon d’Achille.
- Elle est généralement causée par des frottements répétés, par exemple avec des chaussures inadaptées ou une technique de course inappropriée.
- Contrairement à une tendinopathie purement dégénérative, une péritendinite s’accompagne souvent de gonflement, rougeur et douleur à la palpation.
- Bursite rétro-achilléenne et pré-achilléenne
- La bursite rétro-achilléenne résulte de l’inflammation de la bourse située entre le tendon et le calcanéum, souvent en réponse à des frottements chroniques (chaussures serrées, sport avec appui prolongé sur le talon).
- La bursite pré-achilléenne concerne la bourse située en avant du tendon et peut être associée à une péritendinite.
- Enthésopathie (ou tendinopathie d’insertion)
- Cette atteinte concerne la zone d’attache du tendon d’Achille sur le calcanéum.
- Elle peut être causée par une traction excessive exercée sur cette zone, mais elle est aussi fréquemment associée à des pathologies inflammatoires systémiques comme la spondyloarthrite.
- Dans certains cas, des calcifications se développent, rendant la douleur plus persistante et plus difficile à traiter.
La tendinopathie calcanéenne peut être classée selon plusieurs critères, en fonction de la localisation de l’atteinte, le stade évolutif de la pathologie et le mécanisme sous-jacent.
Classification selon la localisation de l’atteinte:
Le tendon calcanéen peut être touché à différents niveaux :
- Tendinopathie corporéale (non insertionnelle)
- C’est la forme la plus fréquente.
- L’atteinte se situe au tiers moyen du tendon, environ 2 à 6 cm au-dessus de son insertion sur le calcanéum.
- Elle est souvent due à un excès de sollicitations mécaniques, entraînant une dégénérescence des fibres tendineuses.
- Tendinopathie d’insertion
- Elle touche la zone où le tendon s’insère sur l’os du talon (enthèse).
- Elle peut être associée à des calcifications, rendant le traitement plus complexe.
- Cette forme est souvent observée chez les personnes ayant des troubles inflammatoires comme les spondyloarthrites.
- Atteinte de la jonction myotendineuse
- Elle concerne la zone de transition entre le muscle et le tendon.
- Plus rare, elle est souvent liée à un traumatisme ou à un étirement brutal du muscle triceps sural.
- Bursite rétrocalcanéenne et pré-achilléenne
- Il s’agit d’une inflammation des bourses séreuses entourant le tendon.
- Elle est souvent secondaire à un frottement excessif contre la chaussure (comme dans le cas des patineurs et des skieurs).
Pourquoi développe-t-on une tendinopathie calcanéenne ?
La tendinopathie calcanéenne peut être causée par différents facteurs, allant des contraintes mécaniques excessives aux troubles inflammatoires et métaboliques.
1. Les contraintes mécaniques et les microtraumatismes répétés
C’est la cause la plus fréquente. La surutilisation du tendon d’Achille peut entraîner des microlésions qui, si elles ne sont pas réparées correctement, provoquent une dégénérescence progressive du tendon. Cette situation est particulièrement fréquente chez :
- Les coureurs de fond et sprinteurs, qui sollicitent énormément leur tendon d’Achille.
- Les sportifs pratiquant des sauts répétitifs, comme le basket-ball ou le volleyball.
- Les personnes en surpoids, qui exercent une pression excessive sur leur tendon.
- Les travailleurs effectuant des mouvements répétitifs, comme les militaires ou les danseurs.
Un mauvais équipement, comme des chaussures inadaptées, peut également aggraver la situation.
2. Les maladies inflammatoires et auto-immunes
Certaines maladies inflammatoires peuvent provoquer une inflammation chronique du tendon d’Achille, notamment :
- La spondyloarthrite ankylosante, une maladie rhumatismale qui touche les articulations et les enthèses (zones d’insertion des tendons sur les os).
- Le rhumatisme psoriasique, qui affecte les tendons et peut entraîner des douleurs persistantes au niveau du talon.
Dans ces cas, la douleur apparaît souvent au réveil et diminue progressivement avec l’activité physique.
3. Les troubles métaboliques et les facteurs iatrogènes
Les maladies métaboliques, comme la goutte ou le diabète, peuvent altérer la qualité des tissus tendineux. L’accumulation de cristaux d’acide urique ou une mauvaise vascularisation du tendon peuvent favoriser une dégénérescence tendineuse.
Certains médicaments sont également impliqués dans l’apparition de tendinopathies, notamment :
- Les fluoroquinolones(une classe d’antibiotiques), une classe d’antibiotiques associée à un risque accru de rupture tendineuse.
- Les corticoïdes, qui fragilisent le tendon s’ils sont utilisés de manière excessive.
- Les statines(traitement contre le cholestérol), qui peuvent provoquer des douleurs musculaires et tendineuses.
Les sports à risque de développer une tendinopathie calcanéenne
Certains sports sollicitent intensément le tendon d’Achille, augmentant ainsi le risque de tendinopathie.
1. La course à pied et l’athlétisme
Les coureurs de fond et les sprinteurs sont les premiers concernés. Lors de la course :
- Le tendon d’Achille supporte jusqu’à 10 à 12 fois le poids du corps.
- Les changements brusques d’intensité et les surfaces dures (bitume, pistes en béton) augmentent le risque de lésions.
- Une augmentation trop rapide du volume d’entraînement est un facteur déclenchant fréquent.
Facteurs aggravants :
- Mauvaise technique de course.
- Chaussures inadaptées.
- Absence d’échauffement ou d’étirements.
2. Les sports avec des sauts répétés
Les disciplines impliquant des impulsions fréquentes sollicitent fortement le tendon d’Achille. Parmi elles :
- Basket-ball
- Volleyball
- Handball
- Tennis
Ces sports imposent des accélérations brutales et des réceptions répétées, favorisant la fatigue tendineuse.
3. La danse et la gymnastique
Les danseurs classiques et les gymnastes sont très exposés en raison :
- De la répétition des mouvements en pointe.
- Du travail excessif en flexion plantaire.
- Des pressions exercées sur l’arrière du pied avec les chaussons serrés.
Ces contraintes peuvent provoquer des bursites rétrocalcanéennes associées à la tendinopathie.
4. Les sports avec des changements de direction brutaux
Certains sports sollicitent le tendon d’Achille par des accélérations et décélérations fréquentes :
- Football
- Rugby
- Squash et badminton
Les joueurs effectuent des mouvements explosifs combinés à des torsions, ce qui met le tendon sous une tension extrême.
5. Les sports d’endurance extrême
Des disciplines comme le trail running et l’ultramarathon exposent les athlètes à des charges prolongées sur le tendon.
- Les pentes abruptes et les terrains accidentés augmentent la contrainte mécanique.
- La fatigue musculaire altère la posture et augmente le risque de surcharge tendineuse.
Comment reconnaître une tendinopathie calcanéenne ?
Le diagnostic repose sur plusieurs éléments :
- L’interrogatoire: Le médecin va poser des questions sur l’apparition des douleurs, leur intensité et les éventuels facteurs déclenchants.
- L’examen clinique: Le tendon d’Achille est palpé pour repérer d’éventuels épaississements, nodules ou tuméfactions douloureuses. La douleur est souvent exacerbée lors des mouvements de flexion plantaire contre résistance.
- Les examens d’imagerie
- L’échographie permet de visualiser l’épaississement du tendon et d’identifier d’éventuelles lésions.
- L’IRM est utilisée en cas de doute sur une rupture partielle ou une inflammation sévère.
Quels sont les traitements disponibles ?
1. Traitement conservateur : la première approche
Dans la plupart des cas, le traitement est non chirurgical et vise à soulager la douleur tout en favorisant la régénération du tendon.
- Repos relatif : Il ne faut pas arrêter complètement l’activité physique, mais plutôt l’adapter.
- Application de glace : Réduit l’inflammation et la douleur.
- Médicaments anti-inflammatoires : Peuvent être utilisés en cas de douleur aiguë, mais doivent être évités sur le long terme.
- Rééducation fonctionnelle : Des exercices spécifiques, comme les exercices excentriques, renforcent le tendon et améliorent sa résistance aux sollicitations.
2. Techniques avancées pour accélérer la guérison
Lorsque le traitement conservateur ne suffit pas, d’autres options peuvent être envisagées :
- Ondes de choc extracorporelles : Améliorent la vascularisation du tendon et stimulent la régénération tissulaire.
- Injection de plasma riche en plaquettes (PRP) : Cette technique consiste à injecter des facteurs de croissance extraits du sang du patient pour favoriser la guérison du tendon.
3. Chirurgie : en dernier recours
Si les traitements précédents échouent après 6 à 12 mois, une intervention chirurgicale peut être envisagée. L’opération consiste généralement à retirer les tissus dégénératifs et à réparer les fibres tendineuses abîmées.
Comment prévenir la tendinopathie calcanéenne ?
La prévention est essentielle, surtout chez les personnes à risque. Voici quelques recommandations :
- Adopter un bon échauffement avant toute activité physique.
- Éviter les augmentations brutales de charge ou d’intensité d’entraînement.
- Porter des chaussures adaptées avec un bon amorti.
- Maintenir un poids corporel stable pour limiter la surcharge sur les tendons.
- Faire des exercices d’étirement et de renforcement musculaire régulièrement.
Prévention chez les sportifs
Les athlètes pratiquant ces sports doivent adopter certaines stratégies pour éviter la tendinopathie calcanéenne :
- Progressivité de l’entraînement
- Augmenter la charge de travail de manière progressive.
- Éviter les pics d’intensité trop brutaux.
- Échauffement et étirements spécifiques
- Effectuer des exercices de mobilisation du triceps sural avant l’effort.
- Privilégier des étirements dynamiques avant et statiques après l’activité.
- Renforcement musculaire
- Intégrer des exercices excentriques pour améliorer la résistance du tendon.
- Travailler les muscles stabilisateurs pour éviter une surcharge.
- Choix du bon équipement
- Opter pour des chaussures adaptées avec un bon amorti et un soutien du talon.
- Éviter les chaussures trop rigides qui accentuent les frottements.
- Surveillance des premiers symptômes
- Ne pas ignorer une douleur persistante après l’entraînement.
- En cas de gêne, réduire temporairement l’intensité et appliquer glace et massages.
En résumé
La tendinopathie calcanéenne est une affection fréquente, en particulier chez les sportifs et les personnes soumises à des contraintes mécaniques excessives. Son origine peut être mécanique, inflammatoire, métabolique ou médicamenteuse. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et l’imagerie médicale.
Le traitement conservateur est efficace dans la majorité des cas, combinant rééducation, correction des facteurs de risque et soins adaptés. En cas d’échec, des thérapies avancées ou une chirurgie peuvent être envisagées.
RÉFÉRENCES
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