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Les tendinites chez les sportifs

Tendinites chez les sportifs

Chez les coureurs, volleyeurs, nageurs ou adeptes de la salle, la tendinite chez les sportifs fait plus que gâcher une saison : elle freine les progrès, s’invite au quotidien et peut s’éterniser si on la traite mal. Bonne nouvelle : la science a beaucoup affiné sa compréhension des tendinites et propose des solutions efficaces, du réglage des charges d’entraînement aux exercices spécifiques, en passant par quelques adjuvants parfois utiles. Dans ce dossier, on explique ce qu’est une tendinite chez les sportifs, ce qui la déclenche, les traitements qui marchent.

Tu as une douleur tendineuse et tu veux favoriser la guérison sans arrêter ta vie ? On va droit au but : un programme de rééducation simple, validé par un masseur kinésithérapeute (ou autre professionnel de santé), pour retrouver une activité indolore puis la reprise du sport. Que ce soit tendinopathie achilléenne, tendon rotulien (patellar tendinopathy) ou supra-épineux, la règle est la même : protéger la structure du tendon (le corps du tendon, ses fibres de collagène), doser le temps de repos, et avancer avec du travail excentrique progressif et un entraînement en force bien cadré. On corrige les facteurs de risque fréquents (mauvaise hydratation, alimentation déséquilibrée, manque de souplesse, mouvements répétitifs en course à pied), on améliore la circulation sanguine, et on ajuste au besoin le traitement médical — version médecine et du sport/sport santé. Dès la première séance, on fixe des étapes claires : tolérance à la charge, exercices simples, puis retour graduel aux gestes clés. Objectif : soigner proprement aujourd’hui, réduire le risque de récidive demain.

 

Définitions

La « tendinite » chez les sportifs est le terme courant pour désigner une douleur du tendon liée à la charge. Les spécialistes parlent plutôt de « tendinopathie » : une souffrance du tendon où l’inflammation n’est pas toujours dominante, surtout quand le problème dure. Les localisations typiques chez les athlètes : tendon d’Achille (coureurs), tendon rotulien (sports de saut), coiffe des rotateurs (nageurs, lanceurs), épicondyliens (tennis/padel), moyens fessiers (coureurs). Le modèle « continuum » de Cook & Purdam décrit une progression de l’état du tendon (réactif → dysréparation → dégénératif), utile pour guider la charge et l’exercice.
La tendinite chez les sportifs n’est pas forcément visible à l’imagerie : douleur et imagerie ne coïncident pas toujours. L’échographie et l’IRM aident pour les diagnostics différentiels ou si l’évolution est atypique, mais le diagnostic reste clinique.1

DIFFERENCE ENTRE TENDINITE ET TENDINOPATHIE

  • Tendinite
    Terme “ancien” et courant pour parler d’une douleur de tendon supposée inflammatoire (-ite = inflammation). On l’emploie surtout pour un épisode récent, déclenché par une charge inhabituelle (nouveau sport, hausse brutale de volume).

  • Tendinopathie
    Terme parapluie moderne qui désigne toute atteinte du tendon (douleur, altération de structure, perte de fonction), qu’il y ait inflammation ou non. Il inclut les formes réactives (récente), déstructurées/dégénératives (chroniques) et les atteintes d’insertion (enthésopathies).

En clair

  • Dire “tendinite” = on met l’accent sur l’inflammation aiguë.

  • Dire “tendinopathie” = on parle de l’ensemble du problème tendineux (inflammation possible, mais aussi désadaptation du tendon à la charge).

 

Tableau1:DIFFERENCE ENTRE TENDINITE ET TENDINOPATHIE

Aspect Tendinite Tendinopathie
Sens du terme Inflammation du tendon Affection du tendon (terme générique)
Temporalité typique Aiguë / récente Aiguë ou chronique
Mécanisme dominant Réaction inflammatoire après surcharge Mismatch charge/capacité, possibles remaniements du collagène
Signes fréquents Douleur locale, chaleur/sensibilité, début brutal Douleur à l’effort/au lendemain, raideur matinale, épaississement possible
Imagerie Peut être normale Épaississement, zones hypoéchogènes, néovascularisation (selon cas)
   

 

Comment poser le diagnostic

Interrogatoire (douleur liée à la charge, raideur matinale, douleur au « load test », ex. saut sur place pour le rotulien), examen (douleur localisée au tendon, tests fonctionnels). L’imagerie est réservée aux doutes, aux échecs de prise en charge, ou pour éliminer une rupture/une déchirure. L’échographie est dynamique et accessible, l’IRM utile pour les diagnostics associés.

Faut-il faire une échographie dès la première douleur ?

Pas nécessaire le plus souvent, car la prise en charge initiale repose sur l’éducation et l’exercice progressif. Imagerie si drapeau rouge, traumatisme, ou si pas d’amélioration.

 

Quelles sont les causes des tendinites chez les sportifs ?

Les tendons s’adaptent aux contraintes mécaniques. Une progression raisonnée augmente leur raideur fonctionnelle et leur tolérance au chargement ; l’inverse (décharge prolongée, pics de charge) favorise la désorganisation du collagène et la douleur. Ce jeu d’adaptation est en partie cellulaire : les ténocytes répondent au chargement par des cascades mécano-biologiques qui modulent collagène et protéoglycanes. 

Côté facteurs de risque, on retrouve : hausse brutale de charge (volume, intensité, sauts/vitesse), historique de tendinite, âge, surpoids, comorbidités (troubles métaboliques). Chez les coureurs, environ 1 sur 20 développe une tendinopathie d’Achille sur une saison, et l’antécédent est le facteur le plus prédictif. 

Côté médicaments, les fluoroquinolones augmentent le risque d’atteinte tendineuse, surtout associées aux corticoïdes ; les agences européennes rappellent d’éviter ces antibiotiques en cas d’antécédent tendineux et d’arrêter au moindre signe. Pour les statines, le lien avec la tendinopathie reste débattu : certaines synthèses suggèrent un risque accru, d’autres pas d’augmentation nette. 

1) Surcharge et progression trop rapide

Mécanisme de base :Charge > capacité du tendon sur une période donnée.
C’est la cause mère : trop de volume, d’intensité ou de fréquence par rapport à ce que le tendon sait tolérer.

  • Pics de charge soudains (passer de 2 à 5 séances/sem, ajouter du fractionné + pliométrie la même semaine).Accumulation de pics (tournoi, stage, WOD dense) sans préparation.
  • Absence de semaines de délestage régulières.

  • Monotonie (toujours la même séance/surface/chaussures) et récupération insuffisante (peu de repos, sommeil court).

2) Geste technique et angles défavorables

  • Mouvements répétitifs avec trajectoires instables ou “rebond”.

  • Angles à risque (épaule au-dessus de la tête mal contrôlée, coude en extension + prise serrée).

    • Technique et angles défavorables (bras trop hauts en natation, genoux qui “rentrent” au squat, cadence vélo trop basse).

    • Manque de force excentrique/isométrique des chaînes impliquées (mollets/quadri/rotateurs d’épaule).

  • Technique qui se dégrade en fin de série/séance.

3) Défauts de préparation physique

  • Manque de force excentrique et isométrique des chaînes qui protègent le tendon (mollets, quadriceps, coiffe des rotateurs, moyen fessier).

  • Échauffement insuffisant et exposition trop rapide à la vitesse/pliométrie.

4) Récupération insuffisante

  • Sommeil court/irrégulier

  • Mauvais dosage du repos : trop peu (surcharge) ou trop (déconditionnement).

  • Absence d’auto-surveillance (douleur > 24–36 h ignorée).

5) Matériel, surfaces & environnement

  • Chaussures usées/mal adaptées, guidon/selle/cales mal réglés, terrain dur, 
  • Raquette/cordage ou grip changés sans transition.

  • Surfaces dures, dénivelé excessif, froid marqué.

6) Facteurs individuels et  médicaux

  • Âge, antécédents de tendinite, raideurs articulaires, faiblesse musculaire locale.

  • Stress systémique (travail, études), déficit de sommeil, climat froid ou très sec.

  • Morphologie/biomécanique (différences de longueur de jambe, pieds très pronateurs/supinateurs… à gérer surtout via la progressivité et le renfo).

  • Antécédents de tendinopathie, raideurs ou déséquilibres musculaires.

  • Alimentation pauvre en protéines/énergie, carences (vit. D, fer), excès d’ultra-transformés pro-inflammatoires.

  • Mauvaise hydratation : l’hypohydratation augmente la rigidité tissulaire et la perception de douleur à l’effort.
  • Médicaments (p. ex. fluoroquinolones (antibiotiques) qui sont sources de tendinopathie et de douleurs musculaires); tranche d’âge 30–60 ans plus exposée.

  • Dyslipidémie, diabète mal contrôlé, pathologies métaboliques, maladies inflammatoires : facteurs de risque connus de tendinopathie.
  •  Alcool & tabac : nuisent à la qualité tissulaire et à la récupération.

7) Exemples par sport (zones souvent touchées)

  • Course à pied : Achille, rotulien (volume + vitesse + chaussures/sol).

  • Sports de saut (basket, volley, athlé) : rotulien (“genou du sauteur”).

  • Raquettes / escalade / aviron : épicondyliens, bicipital, coiffe.

  • Musculation : coiffe des rotateurs, rotulien, extenseurs du poignet (technique/tempo/volume).

 

 Tableau 2: Tendons à risque selon le sport et prévention 

Sport / Contexte Tendons à risque Facteurs de risque  Échauffement ciblé (≈2 min) Exercices piliers (technique) Volume hebdo recommandé Signaux d’alerte & ajustements
Course à pied Achille, rotulien, fascia plantaire Hausse brutale du km, dénivelé, chaussures usées/dures Montées de mollets légères + foulées sur place Mollets excentriques sur step (3–4 s descente) • Squat tempo excentrique 2–3×/sem • 3–5 séries/exo • 8–15 reps Douleur >3/10 ou raideur >24 h → baisser volume 20–40 % 1 sem
Sports de saut(basket/volley/athlé) Rotulien, Achille Pliométrie à froid, surfaces dures, charge impulsive Skips, sauts bas + dorsiflexion cheville Spanish squat isométrique(30–45 s) • Sauts bas contrôlés (progression) 2–3×/sem • 3–4 séries Douleur au tendon pendant/à J+1 → réduire hauteur/contacts, garder isométriques
Raquettes(tennis/padel/badminton) Épicondyliens, coiffe des rotateurs Poignées/cordage changés, sur-prise, volume d’échanges Rotations externes élastiques + poignets (flex/extension) Extenseurs poignet excentriques• Rotations externes isométriques 3×/sem • 2–4 séries Douleur latérale coude >3/10 → alléger frappe, varier prises, renforcer poignet/épaule
Musculation / Cross-training Coiffe, rotulien, bicipital/tricipital Pics de volume, tempo vite, triche en fin de série Série d’amorce légère sur le mouvement du jour Row élastique scapula • Élévations mollets excentriques• Curl/extension contrôlés 2–4×/sem • 2–4 séries/exo Perte de forme + douleur → réduire charge 10–20 %, rallonger descentes
Natation Coiffe, long biceps Gros volume, respiration unilatérale, technique catch Rotations externes + Y/T/W légers Rotations externes excentriques• Pull avec tempo 2–3×/sem • 3×12–15 Douleur d’épaule nocturne → diminuer paddles, travailler symétrie respiration
Vélo (route/tri) Rotulien, Achille Selle/cales mal réglées, cadence basse Ouvertures de hanches + mollets légers Spanish squat 30–45 s • Mollets excentriques 2–3×/sem Douleur rotule/Achille → ajuster selle/cales, cadence 85–95 rpm

Rappels pratiques

  • Échelle douleur 0–10 : viser ≤ 3/10 pendant et à 24 h. Au-delà → alléger volume/intensité et conserver l’isométrique indolore.

  • Progressivité : +10–15 %/semaine sur volume OU intensité, pas les deux.

  • Séries excentriques : descente lente (3–4 s), montée contrôlée, amplitude complète.

  • Isométriques : 30–45 s, 3–5 répétitions, respiration calme ; excellent en phase sensible.

  • Semaine “light” toutes les 4–6 semaines : –20 à –40 % de volum

 

Ce que disent les études sur les traitements

1) L’exercice ciblé : le socle

Les protocoles d’exercices progressifs (excentrique, « heavy slow resistance » — HSR, pliométrie dosée, isométriques comme outil antalgique) restent la pierre angulaire. Les méta-analyses et essais montrent des bénéfices robustes pour l’Achille et le rotulien, sans supériorité claire et universelle d’une méthode (excentrique vs HSR) : l’important est la dose, la progression et l’adhérence sur 12 semaines et plus.
Pour la tendinopathie rotulienne, un essai pragmatique montre qu’un programme de chargement progressif spécifique au tendon (sauts et force) améliore plus vite la reprise qu’un excentrique « classique ».

2) Ondes de choc (ESWT)

Les données récentes sont contrastées : bénéfice modeste voire négligeable pour rotulien/Achille, mais effet plus marqué pour l’aponévrose plantaire. L’ESWT peut être envisagée en adjuvant quand l’exercice seul ne suffit pas, en informant le patient. 

3) Infiltrations corticoïdes

Soulagement possible à court terme (3–6 semaines) pour certaines localisations (ex. épaule), mais pas d’avantage durable et un risque de résultats inférieurs à moyen/long terme ; à réserver, à faible fréquence, intégrées à un plan d’exercices. Des lignes directrices 2025 sur l’épaule confirment cet usage parcimonieux. 

4) PRP (plasma riche en plaquettes)

Les essais et synthèses récents restent hétérogènes. Certaines méta-analyses suggèrent un bénéfice modeste à moyen terme comparé aux corticoïdes, d’autres ne trouvent pas de supériorité claire sur placebo/exercice, selon la localisation et le protocole (préparation, volume, nombre d’injections). Si proposé, c’est en seconde intention, après au moins 3 mois d’exercice bien conduit. 

5) Autres

Orthèses/straps (épicondyle, rotulien) : utiles pour la douleur à court terme, à combiner avec l’exercice. Thérapies passives (ultrasons, laser, TENS) : preuves faibles pour un effet durable en tendinite chez les sportifs.

Faut-il arrêter totalement le sport avec une tendinite chez les sportifs ? Rarement. On vise plutôt un maintien d’activité « tolérée » (douleur ≤ 3–4/10 pendant et < 24 h après), avec transfert de charge (vélo/eau) et travail de force. L’arrêt complet entretient la décondition physique et la fragilité tendineuse.

Tableau 3: Options de prise en charge (résumé pratique)

Intervention Pour qui Preuve synthétique Bénéfices Limites/Risques  
Exercice progressif (excentrique/HSR + pliométrie dosée) Première intention toutes localisations Forte pour Achille/rotulien (12 sem+), protocole individualisé Douleur, fonction, reprise Demande régularité, progression fine  
Isométriques Antalgie au début Données variables, utiles chez certains Baisse transitoire de la douleur Ne remplace pas le renforcement  
Ondes de choc(ESWT) Seconde intention Effet modeste AT/PT, meilleur PF Antalgie, fonction Efficacité variable selon site  
Corticoïdes Cas sélectionnés (épaule, coude) Court terme OK, pas durable Antalgie rapide Récidives, résultat inférieur à terme  
PRP Seconde intention après échec exercice Résultats hétérogènes Potentiel à moyen terme Coût, standardisation  

 

Protocoles par localisation

Tendinopathie d’Achille (coureurs, sports de course/saut)

Programme type 12 semaines : force lente lourde (mollets debout/assis 3–4×/sem, charge progressive), travail excentrique en pente pour insertionnelle → à éviter si compression douloureuse, pliométrie graduée en phase 2–3 (sauts bilatéraux → unilatéraux), course réintroduite par intervalles à faible volume puis RPE et vitesse croissants.

Les scores VISA-A s’améliorent souvent à 12 semaines, mais une récupération complète peut demander 6–12 mois.
Repères utiles : douleur tolérée ≤ 4/10, pas d’augmentation > 24 h, VISA-A ≥ 96 souvent compatible avec retour au niveau antérieur chez des militaires actifs (à adapter aux sportifs).

Tendinopathie rotulienne (sports de saut)

Chargement progressif du tendon (squats lents lourds, leg press, hack squat), puis pliométrie contrôlée et sauts spécifiques. Un essai comparatif montre plus de reprises sportives à 24 semaines avec un protocole de « tendon loading » vs excentrique seul. Les méta-analyses Cochrane confirment que l’exercice rivalise avec la chirurgie pour la reprise sportive, avec moins de risques.

Coiffe des rotateurs (nageurs, sports de lancer)

Éducation + exercices de renforcement scapulo-huméral, exposition progressive aux gestes au-dessus de la tête. Les corticoïdes peuvent soulager à court terme mais sans avantage durable et avec signaux de prudence tissulaire ; les recommandations 2025 cadrent cet usage.

Épicondylalgie latérale (tennis/padel)

Renforcement des extenseurs du poignet, prise en charge fonctionnelle, straps/orthèses en phase douloureuse. Les lignes directrices JOSPT (2022/2023) détaillent les techniques efficaces (mobilisations, exercices, thérapies actives).

 

Reprise du sport : feux verts, feux orange

La reprise ne suit pas le calendrier, mais des critères. On valide d’abord l’entraînement complet sans « rebond » de symptômes le lendemain, puis les tâches spécifiques (changements de direction, sprints, sauts) avant la compétition.

Le score VISA (Achille/rotulien) et des tests fonctionnels (saut sur une jambe, contre-mouvement jump, tolérance à la pliométrie) aident à objectiver. Chez l’Achille, un VISA-A autour de 90–96 est associé à une bonne tolérance, mais c’est à contextualiser selon le sport et l’historique.

Combien de temps dure une tendinite chez les sportifs ?

Les améliorations cliniques sont fréquentes à 12 semaines d’exercice, mais la récupération complète peut prendre 6–12 mois, surtout si le problème traînait. Évitez le piège « je n’ai plus mal → je saute les étapes ». 

 

Quel est le temps de récupération après une tendinite ?

La récupération après une tendinite (tendinopathie) n’est pas un chrono unique mais un processus par phases, guidé par la douleur et la tolérance à la charge, plus que par un nombre de jours fixe. Repère simple et réaliste :

Les 3 phases, avec fourchettes de durée

  1. Calmer & recharger doucement (phase “réactive”) — ~1 à 3 semaines

    • Objectif : faire baisser la douleur sans “couper tout”.

    • Actions : réduire/adapter l’activité sportive agressive, isométriques indolores (30–45 s × 4–5), mobilité douce, sommeil sérieux.

    • Critère pour avancer : douleur ≤ 3/10 pendant et dans les 24 h qui suivent.

  2. Renforcement progressif (phase de réparation) — ~3 à 8 semaines

    • Objectif : réhabituer le tendon à la contrainte.

    • Actions : excentriques lents, charges modérées, 2–4 séances/sem, ajout d’amplitude et de vitesse graduellement.

    • Critère pour avancer : volume/charge en hausse sans “rebond” douloureux > 24 h.

  3. Remodelage & retour au sport (phase de performance) — ~6 à 12+ semaines

    • Objectif : retrouver les qualités spécifiques (vitesse, sauts, changements de direction).

    • Actions : pliométrie graduée, sprints/gestes techniques, retour aux formats de ton sport.

    • Critères “feu vert” : force quasi symétrique, tests fonctionnels OK, douleur ≤ 2/10 et transitoire, pas de raideur matinale persistante.

Rappel crucial : on parle de reprise progressive, pas d’un arrêt total prolongé. On met en pause l’agresseur direct, on remplace par des charges tolérées, puis on remonte.

 

Repères par zones (variable selon antécédents & charge)

  • Tendon d’Achille / rotulien : souvent 6–12+ semaines pour un retour solide ; plus long si chronique.

  • Épicondyliens (coude) : 6–10 semaines typiques, avec travail de poignet/prise.

  • Coiffe des rotateurs : 8–12+ semaines, parfois davantage pour les sports au-dessus de la tête.

  • Moyen fessier / tendons glutéaux : 8–12+ semaines, progression patiente sur la course/sauts.

 

Combien de temps de repos au départ ?

  • Plutôt repos relatif : 3–10 jours d’évitement du geste déclencheur, maintien du cardio/renfo “neutre”, puis reprise progressive.

  • Le “repos total” prolongé affaiblit le tendon ; on vise la charge juste.

 

Fréquence et  douleur : deux règles simples

  • Douleur pendant l’effort ≤ 3/10 : acceptable si elle n’augmente pas dans les 24 h.

  • Si la douleur grimpe au-delà de 4/10 ou dure > 24–36 h : réduis la charge (volume, intensité, vitesse) la semaine suivante.

Rééducation efficace (trame hebdo type)

  • 2–4 séances de renfo (isométrique → excentrique → pliométrie).

  • 1–2 séances techniques spécifiques (geste, cadence, appuis).

  • 1 jour “léger” entre deux charges lourdes.

  • Suivi minimal : note durée, charge, douleur à 24 h.

Quand consulter rapidement

  • Douleur aiguë avec “claquement”, perte de force, gonflement marqué.

  • Douleur qui progresse malgré 1–2 semaines d’ajustements.

  • Contexte médical particulier (diabète, prise de fluoroquinolones, etc.).

Bilan 

  • Durée moyenne : simple cas récent ≈ 4–8 semaines ; chronique/chargé ≈ 8–12+ semaines.

  • Retour au sport : valide par critères (douleur basse, force proche de l’autre côté, tolérance à la charge) plutôt que par une date arbitraire.

 

Prévenir la tendinite chez les sportifs : l’art de doser

  • Progression : augmenter volume/intensité/fréquence par paliers (éviter les bonds > 20–30 % d’une semaine sur l’autre), avec au moins 1 jour sur 2 de non-impact pour les tendons sollicités.

  • Diversifier : alterner séances de saut/course avec vélo/natation/renfo.

  • Renforcement : 2–3 séances/sem ciblant les chaînes à risque (mollets, quadriceps/ischios, fessiers, extenseurs du poignet, coiffe).

  • Technique : travailler les appuis et la mécanique de saut/atterrissage.

  • Sommeil/nutrition : déficit d’énergie et manque de sommeil nuisent à l’adaptation tissulaire.

  • Médicaments : prudence avec les fluoroquinolones ; discuter avec le médecin en cas de facteurs de risque.

Le fameux « ACWR » (acute:chronic workload ratio) marche-t-il ?

L’outil est critiqué : en modèle « taille unique », il ne prévient pas de manière fiable les problèmes et confond charge d’entraînement et charge mécanique. Mieux vaut suivre quelques indicateurs simples (RPE, volume de sauts, vitesse), votre ressenti et le « test 24 h ». 

 

Plan d’action en 5 étapes 

  1. Évaluer la douleur et l’exposition : noter une échelle 0–10 pendant l’effort et le lendemain, identifier les « pics » de charge de la semaine.

  2. Adapter sans arrêter : maintenir 60–80 % du volume toléré, retirer les tâches les plus agressives (sauts, sprints) puis les réintroduire.

  3. Lancer le renforcement : 3 exercices « pilier » selon la localisation (ex. mollets debout/assis lourds + excentrique sur step pour Achille ; squat/leg press + leg extension lente pour rotulien ; élévations/scapula pour coiffe).

  4. Ajouter la pliométrie : d’abord bilatérale basse intensité, puis unilatérale, puis spécifiques au sport.

  5. Tester et valider : séance-type de votre sport, puis match/compète. Utiliser un questionnaire VISA et des tests fonctionnels simples (sauts ou douleur à un test standardisé).

 

Erreurs fréquentes

 

  • « Repos total » prolongé : le tendon se « désentraîne », la reprise fait mal.

  • Sauter trop vite à l’ESWT/PRP avant 12 semaines d’exercice bien conduit.

  • Augmenter la charge dès disparition de la douleur sans stabiliser la tolérance 2–3 semaines.

  • Ignorer les drapeaux rouges (douleur aiguë violente, déficit de force net : risque de rupture).

  • Prendre des fluoroquinolones pendant une préparation sportive à fort volume. 

 

Comment prévenir les tendinites chez les sportifs ?

Prévenir les tendinites chez les sportifs, c’est piloter la charge, soigner l’échauffement, muscler ce qui protège les tendons et respecter le repos. Mode d’emploi concret :

1) Échauffement (8–12 min)

  • Général : 3–4 min d’élévation douce du rythme (rameur, vélo, footing).

  • Mobilité ciblée : 2–3 min sur les articulations du mouvement du jour (chevilles, hanches, épaules).

  • Pré-activation : 2 séries légères des muscles clés (ex. tirage élastique, mini-squats).
    Objectif : arriver à la première série de travail déjà “chaud”, pas surpris.

2) Gestion de la charge (le vrai pare-feu)

  • Progressivité : +10–15 %/semaine sur le volume ou l’intensité, jamais les deux.

  • RPE (ressenti) majoritairement 6–8/10 ; garde 1–3 reps en réserve.

  • Varie surfaces, prises et amplitudes pour casser la routine gestuelle.

  • Délestage toutes les 4–6 semaines (–20 à –40 % de volume).

3) Renforcement musculaire protecteur (2–3×/sem)

  • Excentriques lents et isométriques sur les zones à risque :

    • Achille : montées de mollets lentes + tenues 30–45 s.

    • Rotulien : squats tempo (descente 3 s), “Spanish squat”.

    • Épaule : rotations externes à l’élastique, Y-T-W légers.

    • Coude/poignet : wrist curl / reverse curl contrôlés.
      Règle d’or : contrôle > charge.

4) Technique et hygiène de mouvement

  • Postures stables (genoux alignés, épaules basses, colonne neutre).

  • Amplitude du mouvement maîtrisée, surtout en phase excentrique.

  • Évite les sprints/pliométrie “à froid” et les changements de plan brutaux.

5) Récupération qui compte

  • Repos / sommeil : 7–9 h régulières, jours faciles intercalés.

  • Hydratation & nutrition : eau répartie sur la journée, apport protéique suffisant (≈1,6–2 g/kg/j), fruits/légumes, oméga-3.

  • Auto-surveillance : si la douleur > 3/10 et dure > 24 h, ajuste la charge 1–2 semaines.

6) Matériel & contexte

  • Chaussures/non-usées et adaptées au terrain ; réglages vélo/cales OK.

  • Élastiques/prises en bon état ; surfaces ni trop dures ni trop inégales.

 

En résumé :

La douleur tendineuse chez les sportifs n’est ni une fatalité ni un badge de courage : qu’il s’agisse d’une tendinite ou tendinopathie (tendinopathie achilléenne, tendon rotulien (patellar tendinopathy) ou supra épineux ou autres tendinites), la clé est une prise en charge structurée, pensée “sport santé”. Premier temps : un examen clinique précis par un professionnel de santé (médecin), complété si besoin par l’imagerie , pour situer la zone touchée, l’état de la structure du tendon (le corps du tendon, ses fibres de collagène et le collagène de type), et éliminer les drapeaux rouges (suspicions de rupture du tendon). On cartographie les facteurs de risque : mouvements répétitifs, manque de souplesse d’un groupe musculaire (ex. moyen fessier en course à pied), alimentation déséquilibrée, mauvaise hydratation, voire acide urique élevé ; puis on lance un programme de rééducation qui vise d’abord l’activité indolore, avec travail excentrique, renforcement musculaire et entraînement en force dosés, en modulant le système nerveux central (pacing, exposition graduée) et en cherchant à améliorer la circulation sanguine.

Du point de vue “sports med / médecine et du sport”, on traite une tendinite par un traitement médical raisonné (adaptation de charge, temps de repos ciblé, éventuels antalgiques) et un plan actif dès la première séance ; on ajuste la technique et la charge selon le niveau du tendon, on protège la structure tendineuse, on renforce autour (chaînes proximales) pour limiter le risque de récidive et préparer la reprise du sport et de la vie quotidienne. Le traitement chirurgical ne se discute qu’en dernier recours et il est exceptionnel dans la pratique courante chez les sportifs, après échec des approches conservatrices bien conduites. Bref : oriente ta pratique sportive et ton activité physique par des choix intelligents, progresse avec méthode, et transforme chaque séance en investissement pour la longévité des tendons robustes, un athlète prêt pour le haut niveau, et un coureur, nageur ou lifter qui bouge mieux, plus longtemps.

La tendinite chez les sportifs n’est donc ni une fatalité ni une simple « inflammation » à faire taire : c’est un problème d’adaptation à la charge qui se traite par un dosage intelligent de l’activité, un renforcement progressif et une reprise guidée par des critères. Les preuves les plus solides soutiennent l’exercice sur 12 semaines ou plus, avec une montée en puissance méthodique, des repères (douleur tolérée, test 24 h) et une pliométrie réintroduite en temps voulu. Les outils adjuvants (ESWT, PRP, corticoïdes) peuvent aider des profils spécifiques, à condition d’être intégrés à ce socle actif. En respectant ces principes et en surveillant les facteurs de risque (y compris médicamenteux), la majorité des athlètes reprennent leur sport au niveau souhaité, en réduisant le risque de rechute. Autrement dit : pour traiter une tendinite chez les sportifs, il faut surtout l’entraîner… intelligemment.

 

tendinites

FAQ

Quand consulter pour une tendinite ?

Si la douleur persiste au-delà de 2–3 semaines malgré un ajustement, si elle réveille la nuit, s’il y a un craquement avec perte de fonction, ou si vous prenez des médicaments à risque (fluoroquinolones/corticoïdes).

Les anti-inflammatoires accélèrent-ils la guérison ?

Ils soulagent parfois à court terme, mais la récupération du tendon dépend surtout du chargement progressif.


Quelle place pour les infiltrations ?

Court terme, indications ciblées, intégrées à un programme actif ; pas de solution durable à elles seules.


Et le PRP ?

À discuter après un vrai essai d’exercice ; résultat variable selon les sites et protocoles.

  1. Cook JL, Purdam CR (2016). Revisiting the continuum model of tendon pathology. Br J Sports Med.
  2. Lagas IF et al. (2020). Incidence of Achilles tendinopathy and associated risk factors in recreational runners. J Sci Med Sport.
  3. Malliaras P et al. (2022). Physiotherapy management of Achilles tendinopathy. Phys Ther Sport.
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