jemeremetsausport.com

Crise de goutte : causes, symptômes et solutions efficaces

Crise de goutte

Sommaire

Crise de goutte: Saviez-vous qu’un adulte sur cinquante souffrira de cette affection au cours de sa vie ?

Cette forme d’arthrite aiguë, causée par l’accumulation de cristaux d’acide urique dans les articulations, est bien plus fréquente qu’on ne le croit. Elle frappe surtout les hommes entre 50 et 60 ans et se manifeste souvent de façon brutale, en pleine nuit, au niveau du gros orteil.

Longtemps considérée comme la “maladie des rois” à cause de son lien avec les excès alimentaires, la crise de goutte est en réalité une affection inflammatoire complexe, influencée par des facteurs génétiques, métaboliques, alimentaires et médicaux.

Quelles sont les vraies causes d’une crise de goutte ? Peut-on la prévenir sans médicaments ? Et quels sont les traitements disponibles aujourd’hui ? 

Cet article vous propose un tour d’horizon pour comprendre en profondeur cette maladie encore mal connue.

1. Crise de goutte : définition et mécanismes physiopathologiques

1.1. Qu’est-ce que la goutte ?

La goutte est une forme d’arthrite inflammatoire causée par une hyperuricémie, c’est-à-dire un excès d’acide urique dans le sang. Cet excès favorise la formation de cristaux d’urate monosodique qui se déposent dans les articulations, provoquant douleur, rougeur, chaleur et gonflement.

Selon l’Inserm, environ 600 000 personnes seraient concernées en France, avec une prévalence qui ne cesse de croître.

1.2. L’acide urique, un résidu naturel… parfois toxique

L’acide urique provient de la dégradation des purines, des molécules présentes naturellement dans les cellules de notre corps et dans certains aliments, notamment les viandes rouges, les abats et les fruits de mer.

En temps normal, il est éliminé par les reins. Mais en cas de surcharge ou de dysfonction rénale, l’excès reste dans le sang et se cristallise.

2. Les causes d’une crise de goutte : au-delà de l’alimentation

2.1. Facteurs génétiques et métaboliques

La crise de goutte touche en majorité les hommes entre 50 et 60 ans, notamment s’ils sont issus d’une famille de “goutteux”. Environ 1 % de la population française présente une prédisposition génétique à produire trop d’acide urique.

2.2. Alimentation et habitudes de vie

Les crises de goutte sont souvent déclenchées après un repas copieux et arrosé. L’alcool, en particulier la bière (même sans alcool), augmente considérablement le risque d’hyperuricémie.

D’autres aliments favorisent ces crises :

  • Charcuterie, gibier, sauces riches
  • Fruits de mer, poissons gras (maquereau, sardine)
  • Légumes riches en purines : champignons, épinards, asperges, lentilles

2.3. Autres facteurs déclenchants

L’obésité, les maladies métaboliques (hypertension, diabète), mais aussi certains médicaments (notamment les diurétiques thiazidiques) peuvent empêcher l’élimination correcte de l’acide urique.

LIRE AUSSI  L’Aquagym : Une activité douce et ludique

Chez les femmes, la goutte est rare avant la ménopause. Après celle-ci, le risque augmente, en lien avec la diminution des œstrogènes qui avaient un effet protecteur.

3. Symptômes de la crise de goutte : comment la reconnaître ?

3.1. Une douleur soudaine et insoutenable

La crise de goutte débute souvent la nuit, par une douleur brutale, pulsatile et insupportable, localisée dans le gros orteil. En quelques heures :

  • L’articulation devient rouge, chaude, gonflée
  • La peau peut peler ou démanger après la crise
  • La mobilité est fortement réduite

3.2. D’autres articulations concernées

Même si le gros orteil est le siège classique, la goutte peut aussi toucher :

  • Le genou
  • La cheville
  • Le coude
  • Les doigts

3.3. Vers une goutte chronique

Si l’hyperuricémie persiste sans traitement, les dépôts de cristaux deviennent permanents, et les crises se multiplient. On parle alors de goutte chronique, avec des déformations articulaires et une douleur presque constante.

4. Peut-on prévenir les crises de goutte ?

4.1. Oui, à condition d’agir sur plusieurs leviers

La prévention des crises de goutte repose avant tout sur la maîtrise du taux d’acide urique dans le sang, aussi appelé uricémie. Chez les personnes ayant un terrain favorable (antécédents familiaux, obésité, maladies métaboliques), il est essentiel d’agir avant même l’apparition des symptômes.

Une étude de 2021 publiée dans The Lancet Rheumatology souligne que l’hyperuricémie asymptomatique peut être un marqueur de risque cardiovasculaire à surveiller. (Source)

4.2. Quelles habitudes pour prévenir une crise de goutte ?

Voici les principales recommandations validées par les sociétés de rhumatologie (EULAR, SFR, American College of Rheumatology) :

a. Réduire ou éliminer l’alcool

  • La bière, même sans alcool, est très riche en purines.
  • Les alcools forts (spiritueux) augmentent la production d’acide urique.
  • Le vin rouge semble moins problématique, mais reste déconseillé en période à risque.

b. Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour

  • L’eau favorise l’élimination de l’acide urique par les reins.
  • Les eaux bicarbonatées comme Vichy Célestins ou Saint-Yorre ont un effet alcalinisant bénéfique.

c.Adapter son alimentation

L’un des piliers de la prévention reste l’alimentation. Il ne s’agit pas de supprimer totalement certains aliments, mais de réduire drastiquement la consommation de produits riches en purines.

Aliments à limiter ou éviter :

  • Viandes rouges, gibier, charcuteries
  • Abats (foie, rognons, ris)
  • Fruits de mer (crevettes, huîtres, moules)
  • Poissons gras (sardines, maquereaux, harengs)
  • Légumes riches en purines : asperges, épinards, champignons, chou-fleur, oseille, lentilles

Aliments à privilégier :

  • Produits laitiers allégés (favorisent l’élimination de l’acide urique)
  • Fruits et légumes peu riches en purines (pommes, carottes, courgettes)
  • Céréales complètes, légumineuses non raffinées
  • Café (consommé modérément, il aurait un effet préventif selon certaines études)
  • Vitamine C (en complément ou dans les agrumes) : elle pourrait réduire l’uricémie

d. Maintenir un poids de santé

Le surpoids est un facteur aggravant majeur. Une perte de 5 à 10 % du poids corporel peut significativement réduire les taux d’acide urique.

LIRE AUSSI  Course à jeun : bienfaits, précautions et conseils

5. Quels sont les traitements d’une crise de goutte ?

5.1. Soulager la crise aiguë

Lorsque la crise de goutte survient, l’objectif est double : réduire la douleur et limiter l’inflammation.

Traitements de première intention :

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : ibuprofène, naproxène
  • Colchicine : un traitement spécifique de la goutte, efficace s’il est pris dès les premières heures
  • Corticoïdes : en cas de contre-indication aux AINS, par voie orale ou injection intra-articulaire

Important : il ne faut pas débuter de traitement hypouricémiant (ex : allopurinol) pendant une crise, car cela risque d’aggraver l’épisode.

5.2. Prévenir les récidives

Après une ou plusieurs crises, un traitement de fond est recommandé pour normaliser le taux d’acide urique.

Principaux médicaments utilisés :

  • Allopurinol (Zyloric) : diminue la production d’acide urique
  • Fébuxostat (Adenuric) : alternative en cas d’intolérance à l’allopurinol
  • Probenecide ou benzbromarone : favorisent l’élimination rénale de l’acide urique

Ces traitements doivent être introduits à distance d’une crise et accompagnés d’un suivi médical régulier, avec dosage de l’uricémie.

6. Quelles sont les complications possibles de la goutte ?

6.1. Goutte chronique et tophus

Lorsque l’acide urique s’accumule durablement dans l’organisme, il forme des masses appelées tophi, visibles sous la peau (coude, oreille, doigt). Ces dépôts sont durs, souvent indolores, mais peuvent s’infecter ou gêner le mouvement.

Avec le temps, la goutte devient polyarticulaire : plusieurs articulations sont touchées, parfois de façon permanente, avec des douleurs continues.

6.2. Atteinte rénale

L’un des risques majeurs est la formation de calculs rénaux à base d’urate. Cela peut se traduire par des coliques néphrétiques et, à terme, une insuffisance rénale chronique.

6.3. Risques cardiovasculaires accrus

La goutte est associée à un risque majoré :

  • d’infarctus du myocarde
  • d’accident vasculaire cérébral (AVC)
  • de mortalité cardiovasculaire

Selon une méta-analyse publiée en 2022 dans BMJ Open, la goutte augmente de 41 % le risque d’AVC ischémique.

7. Quelle est l’évolution naturelle de la goutte sans traitement ?

Sans prise en charge, la goutte évolue par crises de plus en plus fréquentes, pouvant laisser place à une inflammation chronique permanente.

On estime que :

  • Après une première crise non traitée, 60 % des patients auront une nouvelle crise dans les 12 mois
  • Après 10 ans, 1 patient sur 2 développe une goutte chronique déformante
LIRE AUSSI  Sport et lombalgies

D’où l’intérêt d’un diagnostic précoce et d’un traitement au long cours.

Peut-on faire du sport pendant une crise de goutte ?

Pendant la crise aiguë : repos impératif

Non, il n’est pas recommandé de faire du sport durant une crise de goutte active. La raison est simple : l’articulation enflammée est extrêmement douloureuse, souvent rouge, chaude et gonflée. L’exercice physique pendant cette phase peut :

  • Aggraver l’inflammation
  • Accroître les douleurs
  • Allonger la durée de la crise

L’Académie Américaine de Rhumatologie (ACR) et la Société Française de Rhumatologie recommandent le repos articulaire lors d’une crise, avec une éventuelle immobilisation temporaire de l’articulation touchée.

Et en dehors des crises de goutte ?

✅ Oui, l’activité physique est bénéfique en phase intercritique (entre les crises), pour prévenir les récidives. Elle permet notamment de :

  • Réduire l’hyperuricémie (en améliorant le métabolisme)
  • Favoriser la perte de poids (l’obésité est un facteur aggravant)
  • Améliorer la santé cardiovasculaire (la goutte augmente les risques d’AVC et d’infarctus)

Activités physiques recommandées :

  • Marche rapide
  • Natation
  • Vélo d’appartement
  • Yoga ou stretching doux
  • Renforcement musculaire léger

Il est conseillé de pratiquer 30 minutes d’activité modérée par jour, 5 fois par semaine, tout en respectant une hydratation suffisante.

Activités physiques à éviter chez les patients sujets à la goutte

  • Les sports à impact ou traumatiques (jogging intense, sports de combat, football) risquent d’exercer une pression excessive sur les articulations fragilisées.
  • Les efforts intenses par pics (sprint, musculation lourde) peuvent générer une production aiguë de lactate, diminuant temporairement l’élimination de l’acide urique.

Conseils pratiques pour concilier sport et goutte

Conseil Pourquoi c’est important
Boire 2 L d’eau avant/après effort Pour favoriser l’élimination rénale de l’acide urique
Éviter les séances à jeun Le jeûne favorise l’hyperuricémie
Écouter ses douleurs Ne jamais forcer sur une articulation sensible
Adapter le programme Préférer régularité et douceur à l’intensité

    Conclusion : mieux comprendre la crise de goutte pour mieux vivre avec

    La crise de goutte n’est pas une simple douleur articulaire : c’est le signal d’un déséquilibre métabolique profond, potentiellement grave s’il n’est pas corrigé.

    Grâce aux avancées médicales, une prise en charge efficace est aujourd’hui possible, alliant traitements médicamenteux et hygiène de vie adaptée. Pour cela, il est essentiel de :

    • Surveiller son taux d’acide urique
    • Éviter les excès alimentaires et alcooliques
    • Boire suffisamment d’eau
    • Adapter les traitements si nécessaire

    Un suivi régulier avec son médecin généraliste ou un rhumatologue est la clé pour éviter les récidives et les complications.