Le vapotage en hausse : une tendance inquiétante
La vapoteuse, souvent présentée comme « cigarette électronique », chauffe des e-liquides (liquide + arômes) pour produire une vapeur d’aérosols contenant de la nicotine ; ce système, composé d’un réservoir, d’une recharge et de dispositifs de chauffe (parfois PTC), cherche la substitution à la cigarette et aux cigarettes de tabac en réduisant la consommation de fumée, mais le vapotage reste associé à un risque et à des risques pour la santé selon les études. Dans chaque cas, la dose de nicotine, la forme du matériel et le nom commercial influencent l’usage, les effets perçus et la dépendance, avec une tendance à l’augmentation de la vape chez les jeunes et les adolescents lorsque l’accessibilité et les arômes attractifs sont élevés. En pratique, ce moyen peut aider à diminuer le tabagisme pour certains profils, mais il nécessite un cadrage : choix du système adapté, suivi des effets, ajustement de la dose et évaluation régulière de la solution pour éviter le glissement vers un usage chronique. Les études soulignent aussi que l’exposition répétée aux aérosols varie selon les e-liquides et la cigarette électronique utilisée, ce qui impose de comparer précisément les dispositifs, la recharge choisie et la forme du réservoir afin d’équilibrer substitution et réduction de risque sans normaliser la cigarette ni la vape.
Qu’en est-il des effets du vapotage et des risques pour la santé ?
Si le vapotage est souvent présenté comme une alternative moins nocive à la cigarette traditionnelle, les recherches scientifiques récentes tendent à nuancer ce discours.
Les produits de vapotage comme La cigarette électronique ont connu une ascension fulgurante ces dernières années. En 2022, 7,3 % des adultes âgés de 18 à 75 ans déclaraient vapoter, contre seulement 3,8 % en 2017. Le vapotage quotidien a lui aussi doublé sur cette période, passant de 2,7 % à 5,5 % (source : Baromètre de Santé publique France).
Chez les adolescents de 17 ans, l’attrait pour la e-cigarette est également en hausse. Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), ils sont de plus en plus nombreux à tester et adopter ce dispositif. Cette tendance est justifiée par le fait que le vapotage est considéré comme « moins nocif que la cigarette classique ».
Le vapotage aide-t-il à arrêter de fumer ?
La cigarette électronique peut être un outil de sevrage pour certains fumeurs et une aide au sevrage tabagique lorsqu’elle est utilisée avec un accompagnement (conseils, suivi), car elle imite les gestes tout en permettant de réduire progressivement la nicotine afin d’arrêter de fumer. Elle s’inscrit dans une logique de réduction des risques comme alternative au tabac combustible, même si les résultats varient selon les profils et la motivation. Toutefois, le dispositif n’est pas neutre : la communication de l’industrie du tabac peut entretenir la confusion entre usage récréatif et stratégie d’arrêt, et l’initiation chez les non-fumeurs n’est pas souhaitable. En bref, la cigarette électronique peut aider à arrêter de fumer chez certains, mais elle doit s’inscrire dans un plan structuré et évalué.
Le vapotage est-il sûr pour la santé ?
La cigarette électronique n’est pas une alternative sûre pour tout le monde : vapoter expose à des aérosols contenant des produits chimiques susceptibles d’entraîner des risques pour la santé, même s’ils sont souvent moindres que ceux du tabac combustible. Une étude américaine a montré que les expositions et les effets varient selon les appareils, les liquides et l’usage, ce qui complique l’évaluation en santé publique. En pratique, la cigarette électronique peut s’inscrire dans une stratégie de réduction des dommages pour certains fumeurs, mais elle ne doit pas être présentée comme sans danger et demeure déconseillée aux non-fumeurs, aux jeunes et aux femmes enceintes.
Quels sont les risques du vapotage ?
Vapoter n’est pas anodin : les aérosols contiennent des produits chimiques (solvants, arômes, métaux) pouvant entraîner des risques pour la santé, notamment irritation des voies respiratoires, toux et autres effets indésirables. Les données suggèrent une augmentation du risque de maladies pulmonaires chez certains usagers et, même si le lien avec le cancer du poumon reste moins documenté que pour la cigarette classique, l’exposition répétée pourrait favoriser des mécanismes délétères. S’ajoute la dépendance à la nicotine, qui entretient l’usage et complique l’arrêt. En résumé, le vapotage peut aider certains fumeurs à réduire les dommages, mais il n’est pas sans risque et doit être évité par les non-fumeurs, les jeunes et les femmes enceintes.
Une analyse approfondie des effets du vapotage
Face à l’évolution rapide des connaissances, deux chercheurs français – un médecin généraliste et une tabacologue – ont mené une revue systématique de la littérature scientifique pour mieux comprendre les effets du vapotage.
Leur étude, publiée en décembre dans la Revue des maladies respiratoires (revue officielle de la Société de pneumologie de langue française), s’est appuyée sur 28 publications scientifiques parues entre 2018 et octobre 2023. Ces études portaient sur les risques bronchopulmonaires, cardiovasculaires et cancérigènes liés à la cigarette électronique.
Les résultats sont sans appel :
-Présence de substances toxiques dans la vapeur des e-cigarettes
-Effets nocifs sur les poumons et le cœur
-Molécules potentiellement cancérigènes retrouvées chez les vapoteurs
Mais que signifient réellement ces découvertes pour la santé humaine ?
Vapoter affecte le système respiratoire et cardiovasculaire
1-Des poumons exposés à des risques bien réels
Contrairement aux idées reçues, la vapeur des cigarettes électroniques n’est pas inoffensive pour les bronches et les poumons.
Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs effets nocifs :
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- Augmentation des résistances bronchiques après inhalation
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- Apparition de pneumopathies en cas de mésusage
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- Altération de la fonction pulmonaire sur le long terme
L’inhalation des composés présents dans les e-liquides (nicotine, propylène glycol, arômes, métaux lourds) pourrait donc fragiliser les voies respiratoires et favoriser des maladies pulmonaires chroniques.
2-Une menace pour le cœur et la circulation sanguine
Le vapotage a également un impact direct sur le système cardiovasculaire. Lors d’une inhalation de nicotine, des effets immédiats ont été observés :
- Augmentation de la fréquence cardiaque
- Élévation de la pression artérielle
- Modification du flux sanguin
Ces effets pourraient, à terme, accroître le risque d’hypertension, d’infarctus ou d’accident vasculaire cérébral (AVC), en particulier chez les personnes ayant des antécédents cardiaques.
Vapoter et cancer : un lien inquiétant ?
Si les recherches sur le lien entre vapotage et cancer sont encore limitées, les scientifiques s’accordent à dire que la vapeur des e-cigarettes contient des molécules cancérigènes.
1-Quelles substances posent problème ?
Les revues scientifiques consultées ont détecté la présence de quatre types de molécules cancérigènes dans la vapeur et dans l’organisme des vapoteurs :
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- Formaldéhyde et acétaldéhyde, connus pour leur pouvoir mutagène
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- Nitrosamines, dérivés de la nicotine pouvant endommager l’ADN
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- Métaux lourds comme le nickel et le plomb, issus des résistances chauffantes
Même si aucun lien direct entre e-cigarette et excès de cancers n’a encore été prouvé, la présence de ces substances justifie une vigilance accrue et des études complémentaires.
2-Pourquoi le danger est-il sous-estimé ?
Le cancer étant une maladie à développement long et progressif, les effets du vapotage pourraient ne se révéler que dans plusieurs décennies. Comme pour la cigarette classique, il faudra du recul pour mesurer l’impact réel des e-cigarettes sur la survenue de tumeurs.
Quels sont les risques du vapotage pour la santé buccodentaire ?
Le vapotage n’est pas neutre pour la santé buccodentaire : l’aérosol peut assécher la bouche (baisse de salive) et favoriser caries et mauvaise haleine, irriter gencives et muqueuses (gingivites, aphtes), perturber le microbiote oral et, avec la nicotine, réduire la vascularisation et retarder la cicatrisation après extraction ou implant; les liquides acides/sucrés et certains arômes accroissent l’érosion de l’émail et l’inflammation, avec un risque accru de parodontite chez les usagers réguliers, surtout en cas de tabagisme concomitant. Concrètement : éviter de vapoter si l’on ne fume pas, limiter la nicotine et les e-liquides très sucrés/acidulés, boire de l’eau après usage, attendre 30 minutes avant de se brosser les dents après exposition acide, utiliser un dentifrice fluoré, nettoyer entre les dents et programmer un contrôle dentaire régulier—et, idéalement, s’orienter vers un sevrage nicotinique suivi.
Le vapotage est-il un allié ou un piège pour arrêter de fumer ?
Voici comment le vapotage peut être soit un allié, soit un piège pour arrêter de fumer—et comment basculer du bon côté.
Quand c’est un allié
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Remplacement rapide de la cigarette par une source de nicotine moins toxique (pas de combustion). Tu conserves le geste et la « hit » de nicotine, ce qui calme les envies aiguës les premières semaines.
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Dosage réglable : tu ajustes la nicotine (mg/ml) et la puissance de l’appareil pour éviter le manque sans surconsommer.
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Réduction progressive : tu peux baisser la nicotine par paliers et réduire la fréquence des bouffées, jusqu’à l’arrêt total.
Quand ça devient un piège
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« Dual use » qui s’éternise : vapoter et fumer en même temps au-delà de 4–8 semaines entretient la dépendance sans réel gain.
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Escalade de nicotine : liquides plus nicotinés, tirages fréquents, appareil trop puissant… tu stabilises (ou augmentes) l’apport plutôt que de le réduire.
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Habitude “toujours à portée de main” : la vape remplace la cigarette… partout, tout le temps. Le cerveau reste accroché au rituel.
Stratégie gagnante en 5 étapes
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Fixe une date d’arrêt du tabac (J0) et prépare ton matériel 7 jours avant. Objectif : zéro cigarette dès J0 (ou ≤3 en “filet de sécurité” la première semaine, puis zéro).
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Choisis un setup simple et fiable : une cigarette électronique à tirage serré (MTL) avec liquide nicotiné adapté à ton profil (voir tableau ci-dessous). Prévois 2 résistances de rechange et un second flacon.
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Démarre “sans manque” : la 1re semaine, prends une bouffée dès l’envie au lieu d’attendre la crise. Si tu craves encore, augmente légèrement la nicotine plutôt que de compenser par plus de bouffées.
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Passe en mode réduction : à partir de la semaine 3, diminue la nicotine par paliers de 2–3 mg/ml (ou 5–10 % en sels) toutes les 1–2 semaines, et espace les sessions (par exemple, pas de vape à l’intérieur ou durant les trajets courts).
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Planifie la sortie : quand tu es à faible dose et que les envies sont rares, définis une “semaine blanche” sans vape. Garde un plan B (patch 7–14 mg ou gomme 2 mg ponctuelle) pour éviter la rechute.
Quel dosage de nicotine pour commencer ?
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10–20 cigarettes/jour : 12–18 mg/ml (sels : 10–20 mg/ml) en MTL.
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20 cigarettes/jour ou premières bouffées trop frustrantes : 18–20 mg/ml (sels : 20–36 mg/ml) en MTL.
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<10 cigarettes/jour : 6–12 mg/ml (sels : 10–12 mg/ml).
Ajuste à la baisse si maux de tête, palpitations, nausées ; à la hausse si irritabilité, faim impérieuse, pensées constantes pour fumer.
Signaux que tu es du bon côté
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Zéro cigarette à J7 (ou net recul >80 %).
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Envies gérables (<3 épisodes intenses/jour).
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Baisse graduelle du dosage toutes les 1–2 semaines sans retour des grosses envies.
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Usage plus “ritualisé” (quelques moments définis) plutôt qu’un grignotage permanent.
Signaux de piège (et correctifs rapides)
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Tu fumes encore “pour les moments importants” (café, stress). → Double stratégie : vape + substitut court (pastille/gomme) pour ces moments pendant 2 semaines.
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Tu vapes quasi en continu. → Règle de lieux et horaires : pas de vape à l’intérieur/au bureau/au lit ; sessions limitées 5 minutes, puis pause 30–60 minutes.
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Tu repousses la baisse de nicotine “au mois prochain”. → Programme des paliers fixes dans l’agenda et prépare les flacons au dosage suivant à l’avance.
Choisir le matériel sans se perdre
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Tirage serré (MTL) > tirage aérien pour l’arrêt : plus proche de la cigarette, moins de consommation.
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Puissance modérée, résistance ~0,8–1,2 Ω, airflow réduit.
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Liquides simples (tabac blond, menthol, peu sucrés) pour éviter la surconsommation “gourmande” au début.
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Garde un second clearomiseur prêt, pour ne pas “dépanner” avec une cigarette si une résistance lâche.
Exemple de calendrier (12 semaines)
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Semaines 1–2 : zéro cigarette, dose “confort” (p. ex. 18 mg/ml). Noter les envies et les déclencheurs.
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Semaines 3–4 : –3 mg/ml, pas de vape dans certaines pièces. Introduire 10 minutes de marche ou respiration lors des grosses envies.
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Semaines 5–6 : –3 mg/ml, limiter la vape après les repas à 5 minutes.
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Semaines 7–8 : –3 mg/ml, week-end test : demi-journée sans vape.
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Semaines 9–10 : –3 mg/ml, ne plus vapoter en déplacement court.
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Semaines 11–12 : arrêt complet de la vape. Garde quelques pastilles nicotiniques pour 1–2 semaines max si besoin.
Astuces psychologiques qui marchent
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Change le contexte : déplace ta vape hors de portée visuelle, associe-la à un lieu précis.
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Recode les “moments cigarette” : café debout = 3 respirations profondes + eau fraîche, puis seulement si besoin 2–3 bouffées.
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Micro-récompenses : chaque journée sans cigarette = une petite récompense non alimentaire. Chaque semaine sans vape = bonus plus symbolique.
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Dis à quelqu’un ton plan et tes dates : la responsabilité sociale aide.
À éviter
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Tester des liquides très sucrés au démarrage : risque d’augmenter la fréquence des bouffées.
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Multiplier les appareils et régler “fort” dès le début : tu augmentes l’apport sans le sentir.
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Baisser la nicotine trop vite “par fierté” : mieux vaut une dose suffisante et des bouffées moins fréquentes que l’inverse.
Et si ça ne colle pas ?
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Rien d’étonnant : la dépendance a trois jambes (physique, comportementale, sociale). Si une jambe résiste, ajoute un appui : patch + vape au début, soutien comportemental (tabacologue, appli), ou thérapies brèves (TCC, entretien motivationnel).
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Rechute = donnée, pas échec. Analyse le contexte de la cigarette fumée, ajuste le plan, relance une date d’arrêt sous 7 jours.
En bref : utilisée comme une béquille temporaire, la cigarette électronique peut être un allié puissant pour arrêter de fumer. Utilisée sans cadre, elle devient un piège qui entretient la dépendance. Pose une date, choisis le bon matériel, sécurise un dosage suffisant, programme des paliers, et organise ta sortie dès le jour 1. Ensuite, on parle consolidation : sommeil, activité physique, gestion du stress et nouvelles routines pour que l’arrêt tienne dans le temps.
Quels effets à long terme du vapotage ?
À moyen-long terme, le tableau qui se dessine est nuancé mais préoccupant. Côté respiratoire, les adultes qui vapotent rapportent davantage de symptômes (toux, sifflements, essoufflement) et les méta-analyses/études longitudinales associent l’usage régulier à un excès de maladies respiratoires, avec des signaux sur la BPCO, surtout chez ceux qui vapotent et fument encore (double usage). Sur le plan cardio-vasculaire, l’inhalation d’e-liquides nicotinés augmente de façon aiguë la fréquence cardiaque et la rigidité artérielle, et l’on observe, chez des utilisateurs exclusifs au long cours, des marqueurs compatibles avec une altération endothéliale—des mécanismes plausibles comme l’inflammation et le stress oxydatif sont impliqués. En revanche, le risque de cancer reste incertain faute de recul suffisant; les expositions sont généralement plus faibles que pour la fumée de tabac, mais pas nulles. En clair: le vapotage expose en moyenne à moins de toxiques que la cigarette combustible, mais les effets à long terme ne sont pas anodins et justifient d’éviter l’initiation chez les non-fumeurs et de viser l’arrêt complet de la nicotine après un éventuel sevrage.
Quelles perspectives pour la recherche ?
Les scientifiques sont unanimes : les études sur le vapotage doivent se poursuivre.
📌 Les points à approfondir :
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- Effets du vapotage à long terme
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- Comparaison entre cigarette classique et e-cigarette
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- Impact du vapotage chez les jeunes et les non-fumeurs
En l’état actuel des connaissances, la prudence s’impose, surtout pour les personnes n’ayant jamais fumé. Le vapotage n’est pas anodin et pourrait être une porte d’entrée vers une addiction à la nicotine ou des pathologies graves.
Faut-il interdire le vapotage ?
Face aux incertitudes scientifiques, certaines mesures de précaution semblent justifiées :
✔ Interdiction du vapotage dans les lieux publics
✔ Encadrement de la publicité pour les e-cigarettes
✔ Restriction de l’accès aux jeunes
Mais ces mesures sont-elles suffisantes ? Certains experts plaident pour un durcissement des réglementations, à l’image de ce qui a été fait pour le tabac.
Le débat est ouvert, et l’avenir du vapotage dépendra des prochaines découvertes scientifiques.
RÉFÉRENCES
- Baromètre de Santé publique France (2022). « Évolution de l’usage de la cigarette électronique en France ».https://www.santepubliquefrance.fr/
- Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). « Rapport sur les usages des adolescents et jeunes adultes (2022) »
- Revue des maladies respiratoires (2023). « Revue systématique sur les effets du vapotage sur la santé ».https://www.sciencedirect.com/journal/revue-des-maladies-respiratoires)
- Goniewicz et al. (2018). « Exposure to nicotine and toxicants in cigarette and e-cigarette users ». JAMA Network
- Bhatta & Glantz (2019). « Association of E-Cigarette Use With Respiratory Disease ». American Journal of Preventive Medicine. DOI : 10.1016/j.amepre.2019.07.028
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E-cigarette use and respiratory symptoms in adults: A systematic review and meta-analysis