jemeremetsausport.com

Perte de poids et agonistes du GLP-1 : pourquoi les patients abandonnent massivement leur traitement ?

Perte de poids et agonistes du GLP-1

La popularité croissante des agonistes du GLP-1 (comme le semaglutide ou le liraglutide ou encore le Tirzepatide) pour la perte de poids n’a jamais été aussi forte. Ces traitements, initialement développés pour le diabète de type 2, sont aujourd’hui largement prescrits chez les personnes souffrant de surpoids ou d’obésité. En théorie, ils offrent une double promesse : perte de poids durable et amélioration métabolique. Mais que se passe-t-il en vie réelle, hors des essais cliniques ? Une vaste étude menée aux États-Unis révèle une réalité bien plus nuancée : près de deux tiers des patients abandonnent leur traitement dans l’année suivant l’initiation.

 

Les agonistes du GLP-1 : comment fonctionnent-ils ?

Les agonistes du GLP-1 (Glucagon-Like Peptide-1) sont des médicaments qui imitent l’action d’une hormone intestinale. Leur effet principal ? Réduire l’appétit, ralentir la vidange gastrique et augmenter la satiété, tout en stimulant la sécrétion d’insuline et diminuant celle de glucagon. Parmi les molécules les plus connues :

  • Liraglutide (Saxenda, Victoza)
  • Semaglutide (Ozempic, Wegovy)
  • Tirzepatide (Mounjaro)

Ces traitements sont devenus des outils puissants dans la lutte contre l’obésité, avec des résultats cliniques montrant des pertes de poids moyennes de 10 à 15 %, voire plus.

Une étude de cohorte à grande échelle : qui sont les patients observés ?

Une recherche récente publiée dans JAMA Network Open a suivi 125 474 adultes américains ayant un IMC supérieur ou égal à 27 (seuil de surpoids). Plus de 60 % d’entre eux étaient atteints de diabète de type 2. Les chercheurs ont analysé leurs données pendant une année complète après la mise sous traitement par agonistes du GLP-1.

Les résultats révèlent des disparités majeures selon plusieurs critères, notamment le statut diabétique, le revenu, et la tolérance au médicament.

LIRE AUSSI  Bien s’échauffer avant une séance de musculation

 

Un taux d’abandon préoccupant dès la première année

Quels sont les chiffres clés ?
  • 64,8 % des patients non diabétiques ont abandonné leur traitement dans l’année suivant son début.
  • Ce taux descend à 46,5 % chez les diabétiques de type 2.

Pourquoi cette différence ?
Les personnes atteintes de diabète bénéficient souvent d’un suivi médical plus régulier, ce qui favorise l’observance. De plus, l’amélioration rapide de la glycémie peut renforcer leur motivation à poursuivre le traitement.

Le poids perdu influence-t-il l’adhésion au traitement ?

Oui, et c’est une des trouvailles les plus intéressantes de l’étude. Chaque perte de 1 % de poids corporel est associée à une réduction de 3,1 à 3,3 % du risque d’abandon. Autrement dit, plus un patient perd de poids, plus il est motivé à continuer.

 

Facteurs socio-économiques : un frein invisible mais réel

Le revenu influence-t-il la poursuite du traitement ?

Absolument. Les chercheurs ont constaté que chez les patients diabétiques, un revenu annuel supérieur à 80 000 $réduit significativement le risque d’abandon :

  • Hazard Ratio (HR) = 0,72 (soit 28 % de risque en moins)

Traduction concrète : les personnes avec un revenu plus élevé peuvent plus facilement :

  • Accéder à une couverture santé ou une assurance
  • Gérer les effets secondaires grâce à un meilleur accompagnement médical
  • Acheter le traitement même en cas de rupture de stock ou d’absence de remboursement

 

Tolérance digestive : un obstacle majeur

Les effets indésirables les plus fréquents des agonistes du GLP-1 sont gastro-intestinaux :

  • Nausées
  • Vomissements
  • Diarrhées
  • Douleurs abdominales

Chez les patients diabétiques, la présence d’effets secondaires modérés à sévères augmente de 38 % le risque d’abandon du traitement (HR = 1,38).

LIRE AUSSI  Le Magnésium : Un allié de poids pour les Sportifs

Comment atténuer ces effets ?

  • Introduction progressive du traitement
  • Adaptation posologique
  • Conseils nutritionnels personnalisés

 

La reprise du traitement après arrêt : une réalité en demi-teinte

Qui reprend son traitement ?

Parmi ceux ayant arrêté les agonistes du GLP-1 :

  • 47,3 % des diabétiques reprennent le traitement dans l’année
  • Contre seulement 36,3 % des non-diabétiques

Là encore, le suivi médical joue un rôle. Mais un autre facteur émerge : la reprise de poids. Chaque augmentation de 1 % du poids corporel après arrêt est liée à une hausse de 2,3 à 2,8 % de probabilité de reprise du traitement.

 

Méthodologie de l’étude : des données issues de la vraie vie

Cette étude repose sur les dossiers médicaux électroniques (EHR) de millions de patients américains. Ce type de données permet de capter :

  • Les prescriptions réelles (et non uniquement théoriques)
  • Le poids réel au fil du temps
  • Les interruptions de traitement
  • Les redémarrages

C’est ce qu’on appelle une analyse en vie réelle, souvent plus représentative que les essais cliniques contrôlés. Elle permet de mieux comprendre les comportements des patients dans un contexte non expérimental.

 

Quelles leçons tirer pour améliorer l’adhésion aux agonistes du GLP-1 ?

Voici quelques pistes concrètes évoquées par les auteurs :

  • Améliorer l’information auprès des personnes prenant ces medicaments  sur les effets digestifs attendus et les moyens de les réduire
  • Introduire le traitement progressivement (escalade posologique)
  • Renforcer le suivi des patients non diabétiques
  • Soutenir l’adhésion grâce à des programmes de coaching ou des rappels digitaux
  • Réduire les inégalités d’accès au traitement, notamment en matière de remboursement et de disponibilité

 

Pourquoi ces résultats sont-ils essentiels pour l’avenir ?

Avec l’augmentation rapide des cas de surpoids et d’obésité dans le monde — plus de 70 % des adultes américains sont concernés — les agonistes du GLP-1 sont de plus en plus envisagés comme une solution médicale à grande échelle.

LIRE AUSSI  Les stratégies pour une perte de poids efficace grâce à l'Exercice

Mais leur efficacité réelle dépend surtout de la persistance du traitement. Sans accompagnement adapté, beaucoup de patients cessent leur traitement trop tôt, avec des effets rebonds possibles sur le poids.

 

Vers une médecine personnalisée et équitable

Pour garantir une prise en charge plus durable, il est essentiel d’adopter une approche individualisée :

  • Adapter la posologie aux antécédents digestifs
  • Intégrer des facteurs sociaux dans les décisions médicales
  • Fournir des outils éducatifs adaptés au niveau de littératie du patient

Des études randomisées sont désormais nécessaires pour :

  • Optimiser la gestion des effets secondaires
  • Tester des stratégies de soutien à l’adhésion
  • Évaluer l’impact des coûts et des remboursements

 

Conclusion : une efficacité conditionnée par l’adhésion

Les agonistes du GLP-1 représentent une avancée thérapeutique majeure dans la lutte contre l’obésité. Mais cette étude démontre que leur succès repose avant tout sur la capacité des patients à suivre le traitement dans la durée. L’avenir des traitements de l’obésité passera par :

-Une équité renforcée dans l’accès aux soins

-Une meilleure information

-Une prise en charge personnalisée

 

  • JAMA Network Open, 2025. Cohorte sur 125 474 adultes traités par agonistes du GLP-1

  • National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK)

  • Centers for Disease Control and Prevention (CDC)

  • Études cliniques sur semaglutide (STEP Trials), liraglutide (SCALE Trials), tirzepatide (SURMOUNT Trials)

Derniers articles