La tendinopathie calcanéenne, souvent appelée tendinite achilléenne, est l’une des causes majeures de douleur au talon chez les sportifs comme chez les marcheurs assidus. Située au niveau du tendon d’Achille (corps du tendon ou insertion du tendon), elle se manifeste surtout à la mise en charge et lors de la flexion plantaire, avec raideur en flexion dorsale et gêne à la course à pied. D’origine principalement mécanique, elle résulte d’un déséquilibre entre contraintes et récupération, parfois entretenu par le port de chaussures inadaptées, une voûte plantaire peu soutenue ou une aponévrosite plantaire associée. Bonne nouvelle : une prise en charge structurée—exercices ciblés, adaptation de l’activité physique et, si besoin, traitement médical—permet le plus souvent de soulager la douleur et de préparer sereinement la reprise du sport.
La tendinopathie calcanéenne est une affection courante touchant principalement les sportifs et les personnes soumises à des efforts répétitifs sur le pied et la cheville. Cette pathologie peut avoir plusieurs causes, allant du surmenage mécanique aux maladies inflammatoires et métaboliques.
Dans cet article, nous allons détailler les causes, les symptômes, le diagnostic et les traitements disponibles pour mieux comprendre et prendre en charge cette condition.
Définition et classification de la tendinopathie calcanéenne
Le tendon d’Achille, aussi appelé tendon calcanéen, est le plus long et le plus puissant du corps humain. Il joue un rôle fondamental dans la flexion plantaire de la cheville, permettant ainsi la propulsion du corps lors de la marche, la course et le saut.
Lorsque ce tendon est soumis à des contraintes excessives et répétées, des microlésions peuvent apparaître, entraînant une altération de sa structure et de ses propriétés mécaniques. Cette condition est appelée tendinopathie calcanéenne et peut évoluer sous différentes formes.
On distingue plusieurs types d’atteintes du tendon calcanéen, qui ne doivent pas être confondues :
- Tendinopathie dégénérative (ou tendinose)
- Il s’agit d’une altération chronique du tendon, caractérisée par une désorganisation des fibres de collagène et une perte de l’élasticité tendineuse.
- Contrairement à une tendinite, la tendinose n’implique pas d’inflammation importante, mais plutôt une détérioration progressive du tissu tendineux.
- Elle résulte généralement d’un surmenage chronique, d’une mauvaise vascularisation ou d’un défaut de récupération entre les séances d’effort.
- Tendinite
- Désigne une inflammation aiguë du tendon, souvent causée par des mouvements répétitifs, une sollicitation excessive ou un mauvais geste technique.
- Contrairement à une lésion traumatique directe (comme une rupture), la tendinite est plutôt une réponse inflammatoire à une contrainte excessive mal tolérée.
- Elle est souvent observée chez les sportifs pratiquant la course à pied, le basketball ou le tennis, où les mouvements répétés sollicitent excessivement le tendon.
- Péritendinite (ou paraténonite)
- Il s’agit d’une inflammation du paraténon, la membrane entourant le tendon d’Achille.
- Elle est généralement causée par des frottements répétés, par exemple avec des chaussures inadaptées ou une technique de course inappropriée.
- Contrairement à une tendinopathie purement dégénérative, une péritendinite s’accompagne souvent de gonflement, rougeur et douleur à la palpation.
- Bursite rétro-achilléenne et pré-achilléenne
- La bursite rétro-achilléenne résulte de l’inflammation de la bourse située entre le tendon et le calcanéum, souvent en réponse à des frottements chroniques (chaussures serrées, sport avec appui prolongé sur le talon).
- La bursite pré-achilléenne concerne la bourse située en avant du tendon et peut être associée à une péritendinite.
- Enthésopathie (ou tendinopathie d’insertion)
- Cette atteinte concerne la zone d’attache du tendon d’Achille sur le calcanéum.
- Elle peut être causée par une traction excessive exercée sur cette zone, mais elle est aussi fréquemment associée à des pathologies inflammatoires systémiques comme la spondyloarthrite.
- Dans certains cas, des calcifications se développent, rendant la douleur plus persistante et plus difficile à traiter.
La tendinopathie calcanéenne peut être classée selon plusieurs critères, en fonction de la localisation de l’atteinte, le stade évolutif de la pathologie et le mécanisme sous-jacent.
Classification selon la localisation de l’atteinte:
Le tendon calcanéen peut être touché à différents niveaux :
- Tendinopathie corporéale (non insertionnelle)
- C’est la forme la plus fréquente.
- L’atteinte se situe au tiers moyen du tendon, environ 2 à 6 cm au-dessus de son insertion sur le calcanéum.
- Elle est souvent due à un excès de sollicitations mécaniques, entraînant une dégénérescence des fibres tendineuses.
- Tendinopathie d’insertion
- Elle touche la zone où le tendon s’insère sur l’os du talon (enthèse).
- Elle peut être associée à des calcifications, rendant le traitement plus complexe.
- Cette forme est souvent observée chez les personnes ayant des troubles inflammatoires comme les spondyloarthrites.
- Atteinte de la jonction myotendineuse
- Elle concerne la zone de transition entre le muscle et le tendon.
- Plus rare, elle est souvent liée à un traumatisme ou à un étirement brutal du muscle triceps sural.
- Bursite rétrocalcanéenne et pré-achilléenne
- Il s’agit d’une inflammation des bourses séreuses entourant le tendon.
- Elle est souvent secondaire à un frottement excessif contre la chaussure (comme dans le cas des patineurs et des skieurs).
Pourquoi développe-t-on une tendinopathie calcanéenne ?
La tendinopathie calcanéenne peut être causée par différents facteurs, allant des contraintes mécaniques excessives aux troubles inflammatoires et métaboliques.
1. Les contraintes mécaniques et les microtraumatismes répétés
C’est la cause la plus fréquente. La surutilisation du tendon d’Achille peut entraîner des microlésions qui, si elles ne sont pas réparées correctement, provoquent une dégénérescence progressive du tendon. Cette situation est particulièrement fréquente chez :
- Les coureurs de fond et sprinteurs, qui sollicitent énormément leur tendon d’Achille.
- Les sportifs pratiquant des sauts répétitifs, comme le basket-ball ou le volleyball.
- Les personnes en surpoids, qui exercent une pression excessive sur leur tendon.
- Les travailleurs effectuant des mouvements répétitifs, comme les militaires ou les danseurs.
Un mauvais équipement, comme des chaussures inadaptées, peut également aggraver la situation.
2. Les maladies inflammatoires et auto-immunes
Certaines maladies inflammatoires peuvent provoquer une inflammation chronique du tendon d’Achille, notamment :
- La spondyloarthrite ankylosante, une maladie rhumatismale qui touche les articulations et les enthèses (zones d’insertion des tendons sur les os).
- Le rhumatisme psoriasique, qui affecte les tendons et peut entraîner des douleurs persistantes au niveau du talon.
Dans ces cas, la douleur apparaît souvent au réveil et diminue progressivement avec l’activité physique.
3. Les troubles métaboliques et les facteurs iatrogènes
Les maladies métaboliques, comme la goutte ou le diabète, peuvent altérer la qualité des tissus tendineux. L’accumulation de cristaux d’acide urique ou une mauvaise vascularisation du tendon peuvent favoriser une dégénérescence tendineuse.
Certains médicaments sont également impliqués dans l’apparition de tendinopathies, notamment :
- Les fluoroquinolones(une classe d’antibiotiques), une classe d’antibiotiques associée à un risque accru de rupture tendineuse.
- Les corticoïdes, qui fragilisent le tendon s’ils sont utilisés de manière excessive.
- Les statines(traitement contre le cholestérol), qui peuvent provoquer des douleurs musculaires et tendineuses.
Les sports à risque de développer une tendinopathie calcanéenne
Certains sports sollicitent intensément le tendon d’Achille, augmentant ainsi le risque de tendinopathie.
1. La course à pied et l’athlétisme
Les coureurs de fond et les sprinteurs sont les premiers concernés. Lors de la course :
- Le tendon d’Achille supporte jusqu’à 10 à 12 fois le poids du corps.
- Les changements brusques d’intensité et les surfaces dures (bitume, pistes en béton) augmentent le risque de lésions.
- Une augmentation trop rapide du volume d’entraînement est un facteur déclenchant fréquent.
Facteurs aggravants :
- Mauvaise technique de course.
- Chaussures inadaptées.
- Absence d’échauffement ou d’étirements.
2. Les sports avec des sauts répétés
Les disciplines impliquant des impulsions fréquentes sollicitent fortement le tendon d’Achille. Parmi elles :
- Basket-ball
- Volleyball
- Handball
- Tennis
Ces sports imposent des accélérations brutales et des réceptions répétées, favorisant la fatigue tendineuse.
3. La danse et la gymnastique
Les danseurs classiques et les gymnastes sont très exposés en raison :
- De la répétition des mouvements en pointe.
- Du travail excessif en flexion plantaire.
- Des pressions exercées sur l’arrière du pied avec les chaussons serrés.
Ces contraintes peuvent provoquer des bursites rétrocalcanéennes associées à la tendinopathie.
4. Les sports avec des changements de direction brutaux
Certains sports sollicitent le tendon d’Achille par des accélérations et décélérations fréquentes :
- Football
- Rugby
- Squash et badminton
Les joueurs effectuent des mouvements explosifs combinés à des torsions, ce qui met le tendon sous une tension extrême.
5. Les sports d’endurance extrême
Des disciplines comme le trail running et l’ultramarathon exposent les athlètes à des charges prolongées sur le tendon.
- Les pentes abruptes et les terrains accidentés augmentent la contrainte mécanique.
- La fatigue musculaire altère la posture et augmente le risque de surcharge tendineuse.
Comment reconnaître une tendinopathie calcanéenne ?
Quels sont les symptômes de la tendinopathie ?
Voici les symptômes typiques d’une tendinopathie (tous les tendons, avec exemples au talon/Achille) :
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Douleur tendineuse localisée : point précis à la palpation, souvent à l’insertion sur l’os ou quelques centimètres au-dessus.
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Douleur à l’effort et à la mise en tension : à la course, aux sauts, aux mouvements répétés ou contre résistance; parfois « douleur de démarrage » qui s’améliore après l’échauffement puis revient après l’activité.
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Raideur matinale courte et sensation de tendon « raide », surtout aux premiers pas.
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Épaississement du tendon (aspect nodulaire ou fusiforme), sensibilité à la compression; parfois chaleur locale légère.
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Diminution de la fonction : faiblesse, endurance réduite, gêne sur les gestes spécifiques (saisir/porter au coude, lever le bras à l’épaule, courir/sauter pour l’Achille).
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Douleur au talon (Achille) : douleur postérieure du talon ou 2–6 cm au-dessus, douleur aux escaliers/à la pointe du pied, à la course et aux premiers pas le matin.
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Localisation précise : la douleur suit le trajet du tendon (par ex. patellaire sous la rotule, épicondylien sur le bord latéral du coude, sus-épineux sur le côté de l’épaule).
À ne pas confondre avec une douleur d’apparition brutale (claquement, douleur immédiate, incapacité à pousser/propulser, hématome rapide) qui évoque plutôt une rupture partielle ou totale et nécessite un avis médical urgent.
Signaux d’alerte : gonflement important et rougeur, fièvre, douleur nocturne persistante, incapacité à prendre appui → consulter rapidement.
Le diagnostic repose sur plusieurs éléments :
- L’interrogatoire: Le médecin va poser des questions sur l’apparition des douleurs, leur intensité et les éventuels facteurs déclenchants.
- L’examen clinique: Le tendon d’Achille est palpé pour repérer d’éventuels épaississements, nodules ou tuméfactions douloureuses. La douleur est souvent exacerbée lors des mouvements de flexion plantaire contre résistance.
- Les examens d’imagerie
- L’échographie permet de visualiser l’épaississement du tendon et d’identifier d’éventuelles lésions.
- L’IRM est utilisée en cas de doute sur une rupture partielle ou une inflammation sévère.
Quels sont les traitements disponibles ?
Comment soulager la douleur au talon ?
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Calmer l’inflammation et la charge (0–2 semaines)
• Repos relatif : réduisez les impacts (course, sauts), gardez l’activité physique sans douleur (vélo, nage, marche courte).
• Glace 10–15 min après activité si la douleur “reste chaude”.
• Chaussures stables, semelles amortissantes; provisoirement, talonnette/heel cup de 5–10 mm pour décharger l’Achille.
• Antalgiques simples (paracétamol). Les AINS peuvent aider quelques jours si tolérés, jamais en continu sans avis médical.
• Auto-massage de l’aponévrose plantaire (balle, rouleau) 1–2 min, 2–3×/jour, douleur tolérable. -
Remettre en mouvement sans aggraver (dès que la douleur ≤3/10 au repos)
• Étirements doux du mollet (genou tendu et fléchi) 3×30 s, 2–3×/jour.
• Renforcement progressif :
– Aponévrose plantaire : “short foot” (petits muscles du pied), 3×10/jour.
– Tendon d’Achille : montées sur la pointe des pieds, puis excentriques (descente lente 3–4 s) 3×12, 3–4×/sem, douleur “supportable” (≤4/10).
• Reprise fractionnée de la course : 1 min course/1 min marche ×10, jour sur deux; augmentez 10–15 %/semaine si la douleur du lendemain ne dépasse pas 3/10. -
Adapter l’environnement
• Remplacez chaussures usées; privilégiez un drop modéré et un bon maintien.
• Évitez les longues stations debout au début; variez les surfaces (évitez bitume dur).
• Au lever : “réveil du pied” (mobilité cheville + 10 flexions plantaires assises). -
Quand consulter un·e professionnel·le de santé
• Douleur au talon persistante >2–3 semaines malgré l’allègement.
• Douleur d’apparition brutale avec claquement/incapacité à pousser (suspicion de rupture).
• Gonflement marqué, rougeur, chaleur, fièvre, douleur nocturne croissante.
• Antécédents métaboliques (diabète, spondylarthrite) ou prise de fluoroquinolones/corticoïdes. -
Options de traitement médical (selon diagnostic : aponévrosite plantaire, tendinopathie d’Achille, bursite, etc.)
• Kinésithérapie/physio : éducation à la charge, progressions excentriques, travail des hanches et de la cheville, reprogrammation du pas.
• Orthèses plantaires sur mesure si pieds très creux/plats ou récidives.
• Ondes de choc (ESWT) pour aponévrosite/tendinopathie chroniques.
• Infiltrations : à discuter au cas par cas (les corticoïdes peuvent soulager la douleur plantaire mais fragiliser les tissus ; prudence près de l’Achille).
• Imagerie (écho/IRM) si douleur atypique, échec >3 mois, suspicion de fissure/rupture.
Repère simple : tant que la douleur pendant l’exercice ≤4/10 et revient à l’état de base sous 24 h, la charge est souvent acceptable. Si elle monte ou persiste au-delà, réduisez de 20–30 % et progressez plus lentement. Pour un retour au meilleur niveau, le duo gagnant reste “renforcement régulier + gestion de charge”, ajusté avec un professionnel si la douleur s’invite trop longtemps.
1. Traitement conservateur : la première approche
Dans la plupart des cas, le traitement est non chirurgical et vise à soulager la douleur tout en favorisant la régénération du tendon.
- Repos relatif : Il ne faut pas arrêter complètement l’activité physique, mais plutôt l’adapter.
- Application de glace : Réduit l’inflammation et la douleur.
- Médicaments anti-inflammatoires : Peuvent être utilisés en cas de douleur aiguë, mais doivent être évités sur le long terme.
- Rééducation fonctionnelle : Des exercices spécifiques, comme les exercices excentriques, renforcent le tendon et améliorent sa résistance aux sollicitations.
2. Techniques avancées pour accélérer la guérison
Lorsque le traitement conservateur ne suffit pas, d’autres options peuvent être envisagées :
- Ondes de choc extracorporelles : Améliorent la vascularisation du tendon et stimulent la régénération tissulaire.
- Injection de plasma riche en plaquettes (PRP) : Cette technique consiste à injecter des facteurs de croissance extraits du sang du patient pour favoriser la guérison du tendon.
3. Chirurgie : en dernier recours
Si les traitements précédents échouent après 6 à 12 mois, une intervention chirurgicale peut être envisagée. L’opération consiste généralement à retirer les tissus dégénératifs et à réparer les fibres tendineuses abîmées.
Quels exercices pour la tendinopathie calcanéenne ?
Phase 1 : Calmer et recharger sans agresser (2–3 semaines)
Objectif : contrôler la douleur, restaurer la flexion plantaire sans perte de force.
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Isométriques mollets (anti-douleur + maintien force)
• Debout, appui bipodal sur l’avant-pied, montez en demi-pointe puis tenez 30–45 s. 5 répétitions, 2–3×/jour.
• Variante assise (charge posée sur les cuisses) si douleur debout.
• Genou tendu (gastrocnémiens) et genou fléchi (soléaire). -
Mobilité cheville (douce, sans forcer l’angle douloureux)
• Bascule tibia-avancée (genou vers mur), 2×10 lentes, 1–2×/jour.
• Auto-massage plante du pied et mollets, 1–2 min. -
Étirements légers (si tolérés)
• Mollet genou tendu puis fléchi, 3×30 s, 1–2×/jour.
• Insertion basse douloureuse (douleur au talon) : évitez de dépasser la position neutre (ne pas “pendre” le talon sous la marche).
Phase 2 : Renforcement excentrique/concentrique contrôlé (4–8 semaines)
Objectif : recharger progressivement le tissu musculaire et le tendon.
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Montées/descentes au mollet (version sol si insertionnelle, marche si portion moyenne)
• Bipodal → unipodal au fil du temps.
• Monter en demi-pointe (aide des deux pieds si besoin), descendre lentement (3–4 s).
• 3×12–15, 4–5×/semaine.
• Deux variantes à alterner : genou tendu (gastrocnémiens) et genou fléchi (soléaire). -
“Calf raise” assis (soléaire)
• Charge légère/modérée sur les cuisses, 3×12–15, 3–4×/semaine.
• Montez en 1–2 s, redescendez en 3–4 s. -
Bandes élastiques — flexion plantaire
• Cheville neutre → pointe (1–2 s), retour contrôlé (3–4 s), 3×15, 3–4×/semaine.
• Ajoutez l’inversion/éversion légère si faiblesse latérale.
Phase 3: Heavy Slow Resistance (HSR) et ressort élastique (4–8 semaines)
Objectif : stimuler l’adaptation tendineuse et la croissance musculaire.
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Mollets debout lestés (barre/haltères/Smith)
• Semaine A : 4×8 (tempo 3–1–3).
• Semaine B : 4×6 plus lourd.
• 3×/semaine, douleur ≤4/10. -
Mollets assis lourds
• 4×10, 2–3×/semaine. -
Sauts “low impact” (si douleur stable)
• Petits rebonds sur place, 3×20–30, 2×/semaine.
• Progression vers bonds alternés/côtes courtes.
Phase 4: Retour au geste et à l’activité sportive
Objectif : recharger l’“énergie ressort” et l’endurance locale.
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Marche → course fractionnée (jour sur deux)
• 1 min course / 1 min marche ×10 → ajoutez 10–15 %/semaine si le lendemain reste ≤3/10. -
Atterrissages contrôlés/côtes
• 3×6–8 descentes lentes (3–4 s) d’un step, puis montée explosive modérée. -
Travail technique (cadence, foulée) et chaussures adaptées (drop modéré, bon maintien).
Fréquences et repères
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Renforcement : 3–5 séances/sem selon la phase.
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Étirements/mobilité : 1–2×/jour si bien tolérés.
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Progression : augmentez charge ou volume d’environ 5–10 %/semaine.
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Stop/ajustement : douleur >4/10 pendant l’exercice ou plus forte/plus longue le lendemain → réduire volume/charge de ~20–30 %.
Spécificités selon la localisation
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Tendinopathie d’insertion (douleur au talon) : privilégiez exercices sur sol (talon au niveau du sol), évitez de “laisser pendre” le talon sous la marche au début.
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Portion moyenne (2–6 cm au-dessus du talon) : les excentriques sur marche (talon qui descend sous l’horizontale) sont souvent bien tolérés.
Quand consulter un professionnel de santé
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Douleur d’apparition brutale (claquement), faiblesse soudaine, gonflement marqué.
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Douleur qui ne s’améliore pas en 4–6 semaines malgré la rééducation.
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Besoin d’un ajustement fin (charge, technique, retour à l’activité sportive spécifique).
Ce protocole articule rééducation (mobilité + renforcement) et gestion de charge : au fil du temps et avec un entraînement régulier, la muscle memory (apprentissage moteur + adaptations locales) aide à retrouver un meilleur niveau sans surcharger le tendon
Quelles sont les conséquences d’une tendinopathie non traitée ?
Non traitée, une tendinopathie a tendance à s’installer et à « contaminer » tout le mouvement. Les principales conséquences sont :
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Douleur chronique et raideur matinale, avec hypersensibilisation possible (la zone devient douloureuse pour des charges autrefois tolérées).
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Perte de force musculaire et de puissance, baisse d’endurance locale, diminution de l’amplitude et de la vitesse d’exécution.
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Altérations biomécaniques : on compense (boiterie, modification du geste sportif), ce qui surcharge d’autres structures et peut déclencher douleurs au dos, hanche, genou ou pied.
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Baisse ou arrêt de l’activité sportive et déconditionnement général (cardio, masse maigre), parfois retentissement pro au travail manuel ou gestes répétitifs.
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Évolution structurale du tendon : désorganisation des fibres, épaississement, zones de dégénérescence (tendinose), calcifications ou enthésopathies (à l’insertion).
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Complications : rupture partielle puis rupture complète du tendon lors d’un effort brusque (surtout si douleur ignorée + injections cortisonées répétées + reprise trop intense).
-
Pathologies associées : bursite, ténosynovite, irritations nerveuses périphériques, douleur projetée.
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Impact psycho-social : sommeil perturbé, baisse de motivation, anxiété autour du mouvement.
À noter : la tendinopathie est surtout dégénérative (déséquilibre charge/récupération) plus qu’une pathologie inflammatoire pure ; d’où l’intérêt d’un traitement actif (gestion de charge, renforcement excentrique/progressif, éducation) plutôt que le seul repos prolongé. Consultez si la douleur dure >2–3 semaines, s’aggrave, ou s’accompagne de claquement brutal, perte de force soudaine, gonflement marqué ou fièvre.
Comment prévenir la tendinopathie calcanéenne ?
La prévention est essentielle, surtout chez les personnes à risque. Voici quelques recommandations :
- Adopter un bon échauffement avant toute activité physique.
- Éviter les augmentations brutales de charge ou d’intensité d’entraînement.
- Porter des chaussures adaptées avec un bon amorti.
- Maintenir un poids corporel stable pour limiter la surcharge sur les tendons.
- Faire des exercices d’étirement et de renforcement musculaire régulièrement.
Prévention chez les sportifs
Les athlètes pratiquant ces sports doivent adopter certaines stratégies pour éviter la tendinopathie calcanéenne :
- Progressivité de l’entraînement
- Augmenter la charge de travail de manière progressive.
- Éviter les pics d’intensité trop brutaux.
- Échauffement et étirements spécifiques
- Effectuer des exercices de mobilisation du triceps sural avant l’effort.
- Privilégier des étirements dynamiques avant et statiques après l’activité.
- Renforcement musculaire
- Intégrer des exercices excentriques pour améliorer la résistance du tendon.
- Travailler les muscles stabilisateurs pour éviter une surcharge.
- Choix du bon équipement
- Opter pour des chaussures adaptées avec un bon amorti et un soutien du talon.
- Éviter les chaussures trop rigides qui accentuent les frottements.
- Surveillance des premiers symptômes
- Ne pas ignorer une douleur persistante après l’entraînement.
- En cas de gêne, réduire temporairement l’intensité et appliquer glace et massages.
En résumé
La tendinopathie calcanéenne(qu’on appelle aussi tendinite achilléenne ou tendinopathie du tendon calcanéen) est une pathologie tendineuse à nette origine mécanique, située au niveau du talon, soit à l’insertion du tendon, soit sur le corps du tendon, soit dans la zone rétro calcanéenne au contact d’une bourse séreuse irritée ou d’une épine calcanéenne, parfois dans un contexte de maladie de Haglund. Dans le corps humain, la douleur du talon naît d’une inflammation du tendon et d’un épaississement du tendon dû aux micro-sursollicitations répétées, avec une localisation précise et des douleurs du talon à la mise en charge. La plainte type associe douleur tendineuse à la flexion plantaire, raideur en flexion dorsale, gêne à la course à pied et à toute activité sportive, parfois irradiant vers la partie inférieure de la jambe ou la dorsale de la cheville. Le complexe gastrocnémien et soléaire (muscle triceps sural, incluant le muscle soléaire) crée une tension sur le fascia et l’aponévrose plantaire ; chez certains, l’aponévrosite plantaire (fasciite plantaire) de la plante du talon et la voûte plantaire peu soutenue entretiennent la douleur au talon. Le diagnostic repose sur un examen clinique rigoureux par un professionnel de santé, qui distingue d’autres causes (tendinite du pied, conflit postérieur, bourse enflammée, pathologie inflammatoire systémique plus rare) et précise le niveau du tendon atteint, au sein du tendon ou à son insertion.
La bonne nouvelle, c’est qu’avec une prise en charge progressive on peut soulager la douleur, restaurer la force musculaire et envisager une reprise du sport sécurisée. Le traitement médical et rééducatif combine éducation de charge, exercices de renforcement excentrique/HSR centrés sur la flexion plantaire, amélioration de la flexion dorsale, port de chaussures adaptées, mesures de confort et, si besoin, ondes de choc ; les techniques adjuvantes (plasma riche en plaquettes) peuvent se discuter au cas par cas. La pratique quotidienne doit moduler l’activité physique pour éviter la douleur d’apparition brutale et la douleur persistante qui mène à la douleur chronique et à la perte de force muscululaire ; la perte de poids, quand elle est pertinente, réduit la contrainte à chaque pas. Les signes d’alerte(rupture partielle, suspicion de rupture du tendon, aggravation rapide) imposent de consulter un professionnel sans tarder. Dans de rares situations réfractaires, l’intervention chirurgicale peut se poser, mais l’objectif reste un tendon sain par un traitement conservateur bien conduit. Le temps de guérison varie selon la sévérité, le niveau de forme et les exigences de la pratique sportive (jusqu’au haut niveau), mais une stratégie patiente et structurée, ajustée au fil du temps, permet le retour à votre meilleur niveau tout en protégeant durablement votre tendon.
RÉFÉRENCES
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- Alfredson H., Cook J. (2007). « A treatment algorithm for managing Achilles tendinopathy: new treatment options. » British Journal of Sports Medicine, 41(4), 211-216.DOI: 10.1136/bjsm.2007.035543
- Ziltener JL, Leal S, Grosclaude M. Lésions du tendon d’Achille chez le « sportif » : étiologie et prise en charge. Rev Med Suisse 2011;7:595-603.



